Interview papier revue de cinéma SS et Vic
Journaliste : -
Je vous propose de jouer au jeu des contraires parce que vous êtes
ce qu'on peut appeler l'union de deux contraires.
Vic : - Je ne
vois pas vraiment ce que ça a à voir avec le film.
J : - Le film
est basé sur votre relation, votre opposition constante...
V : - C'est un
film.
SS : - On va
jouer comme si on était encore nos personnages.
V : - Ok, ok,ok.
J : - Qui veut
commencer ?
V : - Moi. C'est
facile : elle est blonde, je suis brune.
SS : - Elle est
jeune, je suis vieille.
V : - Trés,
trés vieille, elle a au moins cinquante ans de plus que moi !
SS : - Vic, joue
le jeu.
V : - Pardon,
elle est belle, je suis quelconque.
S : - Mais non,
tu es belle aussi.
V : - Non, mais
vous avez entendu ? Elle aurait pu dire : "Allons, ma chérie,
c'est l'inverse, voyons." Et, elle, elle dit : " Tu es
belle aussi ."!!
SS éclate
de rire.
J : - S'il vous
plait, on peut continuer ?
SS : - C'est mon
tour. Elle a la bougeotte, je suis plutôt casanière.
V : - Ouais,
quand elle se déplace, elle déménage toute sa
maison, sa femme de ménage, son chien...
SS : - Et toi,
tu prends une brosse à dents, du papier, un crayon et hop, tu
disparais, à pieds, en moto, en avion...
V : - Je suis
libre ! Mais c'est une fuite en avant. SS, elle, n'abandonne jamais,
elle pulvérise les obstacles. Elle va jusqu'au bout. Moi, je
fuis au moindre problème.
SS : - Toi, tu
es enthousiaste, tu n'es jamais blasée. Moi, je suis en
retrait, je pêche par excés de prudence.
V :- C'est ce
qui te donne la force de tenir. Tu es solide, expérimentée.
Moi, je m'excite comme une étincelle et pfuit, je m'éteins.
SS : - Mais tu
restes créative, tu es une artiste !
V : - Toi aussi,
tu l'es mais comme tu t'appuies sur l'expérience, sur la
technique, ça tient la route.
SS : - Oh,
arrête un peu, tu veux ? Vous voyez, c'est toujours pareil avec
elle, elle préfère faire pitié qu'envie.
V : - Et toi, tu
veux faire envie plutôt que pitié. Tu es une battante.
SS : - Et toi,
une flatteuse. Une manipulatrice, une lécheuse de bottes, une
hypocrite...
Vic se contente
de sourire en regardant SS.
J : - On
recommence ? C'était à SS, je crois...
V: - Comme vous
voulez...
SS : - J'ai
bossé dur pour gagner ce que j'ai, Vic est née avec
tout ce qu'elle a.
V : - Pauvre
petite femme riche. Tu aimes l'argent pour l'argent, moi je m'en
sers.
SS : - Tu ne le
gagnes pas à la sueur de ton front. Il n'y a que les gens nés
riches qui peuvent se permettre de mépriser l'argent et le
pouvoir qu'il donne. Tu t'habilles mal avec des vieux machins par
snobisme.
V : - Je
n'écrase pas les gens avec mes fringues de haute couture, ma
grosse bagnole, ma super baraque... Quelle prétention ! Tu
oublies d'où tu viens !
SS : - Sale
hypocrite ! Tu gagnes plus que moi avec tes tableaux et ta grand'mère
t'entretient, et pourtant tu vis dans une maison pourrie du ghetto.
V : - Hypocrite,
moi ! Et toi ? Devant les journalistes, les photographes, t'es toute
gentille, tout sourire alors que tu les détestes.
SS : - Tu es
trop naïve. Je joue le jeu, c'est tout, ça fait partie du
métier.
V : - Métier
de pute.
SS : - C'est mon
métier et c'est comme ça que je gagne ma vie.
V : - Tu ramènes
tout au fric. Comme quand tu m'achètes des cadeaux. On dirait
que tu veux m'acheter.
SS : - Bien sûr,
si j'étais venue en disant : "Eh, Vic, viens voir, j'ai
trouvé une super robe qui t'irait bien", t'aurais
accepté ? Et même si tu étais venue, tu aurais
refusée que je te l'offre.
V : - Qu'est-ce
que tu en sais ? Tu ne l'as jamais fait, tu achètes la robe et
ensuite tu essaies de me persuader de la prendre.
SS : - Tu ne
comprends pas que j'ai envie de te faire plaisir en t'offrant des
cadeaux.
V : - Alors
pourquoi j'ai l'impression que tu TE fais plaisir ? Le problème
avec les cadeaux, c'est qu'on les accepte pour faire plaisir à
celui qui les offre.
SS : - Qu'est-ce
que je dois faire alors ?
V : - Offre-moi
du temps avec toi. Comme je te connais, on finira par s'engueuler
parce que tu voudras toujours rentabiliser ces moments-là. Tu
es incapable de faire quelque chose gratuitement.
SS : - J'ai
perdu trop de temps avant de te rencontrer.
V : - Tu ne le
rattrapperas jamais, en tout cas pas en m'offrant des cadeaux.
SS : - Ca, j'ai
compris.
J : - Hum,
excusez-moi,mais comme ça tourne au réglement de
compte, on va arrêter.
SS : - Vous ne
nous avez jamais vu en train de nous engueuler.
V : - Allons, ça
ne vous dérange pas tant que ça, ça fait vendre.
J : - Ce que je
voulais, c'était que vous nous montriez ce qui rend votre
amitié si spéciale.
SS : - Ne vous inquiétez pas, nous ne sommes pas en train de nous
entretuer. Nous ne faisons que jouer.
V : - Ouais, on
joue.
J : - Vous
voulez continuer à jouer ?
V : - Non. Vous
savez, on ne vous a pas attendu pour comprendre que nous nous aimons
malgré nos différences.
SS : - Vic,
calme-toi.
V : - Jeu à
la con.
J : - Votre
relation fascine tous ceux qui vous ont rencontrées, je
voulais en dévoiler une partie.
V : - Cette
relation nous l'avons construite, entretenue. Elle n'est pas apparue
comme ça, par magie.
SS : - Avec la
certitude que ça en valait la peine.
V : - Amen.