TV italienne
Un peintre dans la ville
Réalisateur : José
Giovanni pour TV Italia, chaîne câblée de langue
italienne, diffusée à Los Angeles
1e
séquence |
Image : Pas de passant |
2e
séquence Vic : « Voilà, c’est mon atelier. Vous avez de la chance, c’est propre et rangé. Ca n’arrive qu’une fois de temps en temps. » |
Gros plan sur la porte- plan
américain Travelling avant : La caméra suit Vic à
l’intérieur- grande pièce blanche très
éclairée- toit transparent-
|
3e séquence Voix off : " L’oeuvre de Vic ne suit pas véritablement de progression. Les sujets de ses toiles sont très diverses : abstrait ou réaliste, des natures mortes, des portraits masculins ou féminins… Elle a aussi sculpté du marbre, tatoué des corps humains. Toutes ses œuvres reflètent tous un imaginaire puissamment évocateur, parfois sanglant ou violent, mais toujours juste dans l’émotion. " |
Plan rapproché sur la main
gauche de
Retour plan rapproché sur le
dessin, le personnage dessiné apparaît au fur et à
Plans de coupe : quelques œuvres, statues de marbre, |
4e
séquence: - Je n'ai pas de méthode de travail précise. Ca dépend du tableau. Coupe Par exemple, si je dois peindre un visage, je découpe le visage géométriquement, je dessine d'abord un quadrillage, je prends des repères : le nez par rapport aux yeux, par rapport aux oreilles... C'est la méthode la plus classique au monde ! Aprés, je fais des esquisses, sur brouillon, au crayon de papier, d'abord de l"ensemble du visage pour avoir une idée générale sans paufiner les détails. C'est pour situer les léléments les uns par rapport aux autres, pour pouvoir les loger à leur place. - D'ailleurs, j'ai un bloc justement. J'ai fait le portrait d'une petite fille. Vous avez de la chance, je ne l'ai pas encore rangé. Voilà ! Là, les visages complets. Là, c'est la phase suivante, des morceaux de visages, que j'étudie de plus prés, ce sont des éléments qui me donnent du mal, qui distinguent un visage d'un autre, je les dessine jusqu'à ce que je les maitrise parfaitement. Quand je suis au point, que j'arrive à dessiner presque les yeux fermés, je passe à une surface plus grande. Des feuilles taille ordinaire. Coupe Je peins à l'encre de chine, ou rouge sang, un truc sommaire pour faire ressortir les contrastes des ombres du visage. J'essaie d'appréhender les reliefs du visage en jouant avec les tâches de peinture. Aprés, ça dépend, si je suis en forme, je passe directement à la mise en couleur sur papier toujours, la toile c'est pour aprés, bien aprés. Pour le portrait de cette petite fille, j'ai peint sur papier d'abord, puis je me suis dit que ça suffisait, je n'ai pas fait de toile. coupe Pour une toile, je sors
le gros matériel. Je scanne les eaux fortes, je change les filtres de couleur, je teste la réaction du visage pour trouver la bonne nuance, celle qui va mettre en valeur les reliefs et l'expression générale du visage, de la personne. Voilà. coupe Là, le sujet commande : des traits larges, des grands coups de pinceaux ou le nez collé à la toile, des détails microscopiques. Mais je le répète ça dépend : je peux aussi bien suivre ce processus ou carrément, je me jette à l'eau sans filet, directement sur la toile. |
Plan large : lumière du jour
Elle se lève, se déplace en parlant.
tourne les pages
Plans fixes sur des
eaux fortes
Retour sur Vic Plan large se lève, se
déplace vers le fond de Plan large Gros plan sur visage de Vic, qui se |
5e séquence : - Peut-on parler dans voter cas d'oeuvre à théme ? - Comme un peintre qui se limiterait à un seul sujet ? ... - Non. Je peints par ... période. J'ai eu une période "Nu", trés courte. Je suis trop pudique pour ça ! J'ai eu une période "fleurs", des roses surtout, dans le ciel, sur la table, éparpillées sur le sol..., une période "abstraite"... Mais ce n'est pas prédéterminé. Je ne me dis pas : "Ce mois-ci, je vais faire ça." Je me ballade, je regarde, je repère un truc, un détail qui m'attire, m'étonne, me fait marrer. Alors, je fais des croquis, je reviens dans mon atelier et je gribouille, je mets de la couleur, j'explore le sujet. Je change l'angle de vue, le point de fuite, tout ça. Une sorte de variations sur le même théme. - Ca, c'est un travail préparatoire à la véritable peinture sur toile. - Mmm.Oui, oui. - Mais comment peignez-vous ? C'est-à-dire, quel est votre rendement ? Votre rythme ? Peignez-vous un peu chaque jour ? Ou vous entamez un marathon sur plusieurs jours ? - Des jours entiers sans m'arrêter ! Je fonctionne par cycles. Pendant trois-quatre jours, je peins, je peins sans arrêt, sans manger, sans boire, ni dormir. Je finis par m'écrouler, je m'endors sans savoir combien de temps. Quand je me réveille, je m'empiffre en regardant ce que j'ai déjà peint. Je corrige, je tripote mes toiles. Je prends une douche et je recommence ! Jusqu'à ce que j'ai fini. Enfin, jusqu'à ce que je considère que j'ai fini, que j'ai fait le tour du sujet, quand j'ai exploré toutes les pistes, je sais quand je ne peux plus rien peindre sans prendre le risque de me répéter. Parfois j'arrête parce que je sens que je suis dans une impasse, que ça ne sert à rien de continuer. - C'est une de vos plus grandes qualités : savoir vous arrêter. Mais c'est aussi une de vos plus grandes capacités : explorer une voie jusqu'au bout. Et plus rapidement qu'aucun artiste ! - Ouais. Je ne sais pas, je ne pense jamais à ça. Enfin, quand j'ai fini, je sors, je renais au monde réel, jusqu'à la fois suivante. - Vous n'avez peint que peu de paysages... - Non. Je suis une peintre d'atelier. - Et pas du tout de nature morte, parce qu'on ne peut pas dire que vos roses en fassent partie. - Ah non, quelle horreur ! Rien que le nom est affreux. Je peints du vivant ou de l'abstrait. Les roses sont en vie, ou plutôt en train de mourir puisqu'elles ont été cueillies. - Dans votre peinture abstraite, on voit beaucoup de toiles qui représentent, qui figurent un liquide qui s'écoule, une fluidité de la matière... - Oui, oui. L'état liquide de la matière est fascinante, insaisissable mais beaucoup plus réel que l'état gazeux. L'amollissement d'un solide, c'est trés graduel, petit à petit. Ces étapes sont un véritable défi à représenter, à quel moment le solide devient liquide ? Et les gloup gloup de l'eau qui coule.... Voilà . - Et quels sont vos projets ? Si vous en avez ... - Je suis en train de peindre un portrait. Ce n'est pas le premier, j'ai peint ma famille mais là, c'est une personne extérieure à mon cercle familier. On va voir ce que ça donne... - Bon courage et au revoir. |
Interview :
champ-contre-champ Vic fume. signe affirmatif de la journaliste Vic sourit
Vic pose sa cigarette,
fait une grimace Vic reprend sa cigarette Vic s'agite, écrase sa cigarette Vic se passe la main dans les cheveux |
Générique de fin |