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Portrait Vic

18 avril 2011

Expo Vic

Interview TV française expo Vic

Pendant le commentaire, travelling sur la galerie de portraits.Voix off :
Voix off : «  On peut voir actuellement à l’espace « Peinture contemporaine », une exposition consacrée exclusivement à l’artiste-peintre Vic. Cette exposition est entièrement constituée de portraits d’actrices et d’acteurs. »

Plan sur les panonceaux accompagnant les tableaux.
Voix off : « Ces notices se retrouvent dans le catalogue vendu sur place. Elles ont toutes été rédigées par l’artiste que nous avons pu interviewer. »

Plan américain sur Vic.
Vic : « Cette expo va faire le tour du monde, vous verrez ! Si, si, je vous assure (sourire). En tout cas, elle attire plus de monde que mes précédentes expos. »
Coupe
Vic : « Au départ, ma démarche était alimentaire et un peu voyeuriste aussi. (sourire) Non seulement je gagnais ma vie mais en plus j’approchai des stars dans leur intimité. »
Coupe
Vic : «  J’ai arrêté de peindre des portraits, j’ai instauré un moratoire. Je peux me le permettre financièrement et puis, j’en ai marre. J’explore d’autres domaines moins exploitables médiatiquement (sourire), plus abstraits, plus colorés. »
Coupe
Vic : « Non, aucun de mes tableaux n’est à vendre. En fait ils le sont déjà ! Les propriétaires me les ont prêtés pour l’expo, l’idée vient d’eux, de toutes façons. Ils voulaient voir l’ensemble de la collection. Et mes futurs clients aussi, pour savoir de quoi je suis capable ! Ca va, ils sont plutôt contents… (sourire) »
Coupe
Vic : « L’expo arrive de L.A., en passant par New York. Comme vous pouvez le constater vous-même, les sujets viennent autant des USA que de Paris. C’est normal que ça arrive ici. »
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9 août 2010

SS TV

Cérémonie de remise de prix.
Décor blanc, sobre, immense, grand écran au fond.
Travelling sur le public, Plan d'ensemble.
Aplaudissements. Silhouette en noir s'avance vers pupitre. Silence.
Zoom sur la personne, gros plan sur SS, robe noire, manches longues, pas de bijoux.
Pendant la lecture, elle ne regardera pas la caméra mais le public. Quand elle déplie la lettre, ses mains tremblent. Les larmes coulent sur ses joues, elle les essuie une fois mais aprés son discours, elle les laisse couler.

« - Bonsoir, Vic n'a pas pu venir. Quand le médecin lui a confirmé qu'elle ne serait pas remise pour ce soir, elle m'a confié cette lettre au cas où... Comme vous avez choisi de la récompenser, je vous la lis.
»
(déplie la lettre).
Lit : « Comme c'est l'habitude dans ces occasions, je dois remercier beaucoup de monde, tous ceux dont la liste serait trop longue et serait de toutes façons coupée. Ces personnes savent que je les aime (SS pleure), alors je leur redis : je vous aime. Et je les remercie de se contenter du peu que je leur donne. Je n'ai rien à dire d'historiquement intéressant, ni d'émotionellement mémorable. Je n'ai pas changé, je pense toujours que les récompenses sont faites pour les soldats ou les pompiers. Je suis une artiste et ce que je fais ne mérite pas de récompense, je ne sais rien faire d'autre. Je vous remercie de penser le contraire et je vous remercie de m'avoir écouté, enfin d'avoir écouté SS vous lire mon bavardage. »

Dernier plan : SS, tête haute, lettre serrée contre elle - arrière-plan : ni public, ni décor.

9 août 2010

Interview TV Ethan

« - Vous venez juste de terminer le tournage de votre dernier film.
- C'est vrai, ça fait une semaine environ. J'ai l'impression que ça fait un siècle, tellement de choses sont arivées depuis !
- Vous pouvez nous en parler ?
- Bien sûr, c'est l'adaptation d'Oliver Twist, de Charles Dickens. J'espère qu'avec ce film je vais casser l'image « jeune premier avec une belle gueule ». C'est un film en costumes, on ne peut pas dire que je suis moderne ! Ca ne me dérange pas que la jeunesse reconnaisse quelque chose en moi, mais je veux prouver que je peux faire autre chose que des films d'ados.
- Vous avez fait beaucoup de promo jusqu'à aujourd'hui ?
- A vrai dire, pas du tout. J'ai accompagné ma petite amie dans ses soirées de promo !
- Ca faisait longtemps que vous n'aviez pas fait de films. Vous aviez décidé de faire un break ?
- Pas volontairement, j'ai fait du théâtre. Mais surtout, je suis tombé amoureux, ça m'a bien occupé !!
- Pourquoi ? Vous avez du vous battre pour la séduire ?
- Non, non, encore que... On s'est rencontrés pendant un enterrement. Ce n'est pas vraiment l'idéal pour faire sa cour.
- C'est votre chagrin qui vous a rapproché ?
- C'est compliqué, donc forcément, ça m'a pris du temps.
- Votre petite amie, c'est Vic, la jeune femme qui joue dans le dernier film de SS ?
- Ce n'est pas un secret. Oui, c'est elle. D'ailleurs hier, nous étions ensembles à la première de son film.
- Vous ne vous sentez pas mis à l'écart par rapport au couple Vic-SS ?
- Non, parce que ce n'est pas un couple, d'abord. Si vous regardez les photos, vous verrez que Vic est entre SS et moi. Vic gère très bien cette relation. Elle ne m'exclut pas et SS non plus. Et ce n'est pas un ménage à trois non plus !! Je me souviens de la première fois que j'ai rencontré SS, c'est Vic qui nous avait réunis. Les choses sont claires entre nous. Mais en fait, je vois très peu SS.

9 août 2010

Critique d’art presse papier sur la peinture et Vic

  Nous avions pris rendez-vous par téléphone dans un café, Vic trouve ces endroits typiques de Paris. Elle s’excuse en riant que réduire Paris à ses cafés est injuste et caricaturale. Mais un jour, on lui a demandé ce qu’elle préférait à Paris, elle a répondu « ses cafés », alors elle s’en tient là. C’est plus simple. Cette petite conversation téléphonique m’avait rappelé la Vic que je connaissais : polie, se moquant d’elle et de son image mais trop intelligente pour se persuader que vous êtes là par politesse. Si je n’avais pas été une vieille dame qui a perdu sa capacité à s’étonner, je me serai laissée contaminée par sa fraîcheur. Mais je fréquente depuis trop longtemps le cynisme. Ce jour-là, j’aurai pu l’oublier grâce à Vic.
        Elle est arrivée et nous sommes entrées dans le vif du sujet.
Quand on lui demande pour quoi elle peint, Vic s’anime, parle et puis se tait : tout ce qu’elle a à dire se bouscule pour sortir en même temps. Dans ces moments-là, elle ressemble plus que jamais au portrait de JF, le 7e : l’enfant émerveillé, ce sont ses mots. Mais ce n’est pas son préféré. En fait elle commence à en avoir assez qu’on lui parle des portraits, elle a peint tellement d’autres tableaux. Pourtant elle reconnaît que c’est la partie de son œuvre qui lui est la plus proche. Il est évident que l’œuvre de Vic ne peut se réduire à ses portraits. Tous ceux qui ont vu sa première exposition à New York intitulée « Funerals  (Childhood) », Enterrement (enfance), en sont persuadé. Mais comme elle le reconnaît elle-même, elle s’est fait connaître du grand public par ces portraits. On peut bien lui dire que le cinéma et la musique y ont contribué aussi, elle répond que maintenant, certes, on la reconnaît dans la rue, et encore, c’est rare !, mais grâce aux portraits, c’est sa signature qui est reconnue ! Ca la fait rire. Elle reste réaliste, le succès trop rapide s’éteint vite. Pourquoi Vic peint ?
        Elle cherche la meilleure réponse, à sa manière. « Avec la peinture, la sculpture aussi, il y a une confrontation à la matière : votre corps contre la toile ou la terre ou le marbre. J’ai l’impression d’exister, d’avoir une consistance, une présence physique dans ce combat contre la résistance de la matière. Dans le cinéma ou la musique, vous n’avez rien en face de vous. C’est impalpable, virtuel. Pour la musique, il y a bien sûr le contact avec l’instrument mais le résultat est invisible, éphémère. Il faut à chaque fois recommencer à jouer pour jouir de votre travail. Dans le cinéma, vous ne voyez pas ce que vous faites au moment où vous le faites, le metteur en scène vous aide mais c’est plus tard en voyant le film que vous connaissez le fruit de votre travail. Et vous n’avez pas forcément le résultat que vous espèreriez ! Et ce résultat est extérieur, externe, vous avez prêté votre corps à quelqu’un d’autre. L’actrice que l’on voit ne laisse apparaître que le personnage, où est l’artiste ? Je n’arrive pas à être très claire parce que je ressens plus que je ne comprends, je suis désolée. »
        On s’habitue très vite à suivre la pensée de Vic. Elle est peintre par son regard sur le monde : elle observe, elle picore, elle transforme ce qu’elle voit et le redonne par sa peinture. Elle n’agit pas sur le monde (« Il n’y a que les prétentieux pour se croire artistes et capables de changer le monde »). Elle, elle reste en retrait. Quand elle agit, elle modèle à coups de burins les objets et les choses parce qu’elle n’a pas le temps de prendre des gants. Elle peint parce qu’elle prend son temps, et son pied !, elle appartient alors au monde. Elle en parle très bien elle-même : « Quand je peints, tous mes sens sont en action. Je vois, je sens aussi l’odeur de la peinture et même ma propre sueur ! C’est bien mieux que de sniffer de la colle ! Je mets la musique à fond, j’écoute donc. Et enfin le toucher : je trempe mes doigts dans la peinture et parfois j’en ai jusqu’aux coudes, j’adore patauger dans les pots de peinture ! Alors je peints, comme après des ablutions, des rites religieux. Je prends mon pied, je suis en plein trip. Il ne faudrait pas grand chose pour que je tombe dans la drogue. J’ai peur qu’un jour la peinture ne me suffise plus, que m’arrivera-t-il alors ? Quand je peints, je ne pense pas. Je vois. Des couleurs, des explosions, des morceaux de corps. Et j’essaie de reproduire ces visions, de peindre quelque chose qui y ressemble le plus possible. Alors je réfléchis aux moyens, à la technique qui va m’aider. »
        Mais tout ça c’est du bavardage, la théorie comme le dit Vic, c’est le boulot des critiques. Je me mets donc au travail.
Il est difficile de construire une véritable synthèse de l’évolution artistique de Vic. En effet une grande partie de son travail reste inconnue, Vic ayant décidé de n’exposer  que certaines de ses œuvres. Mais, si l’on se réfère à ces expositions, on peut toutefois dégager une trajectoire qui à défaut d’être exhaustive, permettra de découvrir quelle « image » Vic nous laisse voir d’elle-même.
        Sa première exposition, Nursery Rymes and Nightmares (Comptines et cauchemars), était construite autour de comptines enfantines et chaque tableau avait pour titre une de ses comptines ou parfois un proverbe : Trois petits cochons, le diptyque : Si t’as faim, mange ta main et garde la deuxième pour demain, Le roi des marionnettes, La princesse folle, Le Chevalier borgne… Inutile de préciser que la plupart de ces comptines n’existent pas, sauf dans l’esprit de Vic, ce que suggère la deuxième partie du titre de cette exposition : Nightmares, Cauchemars. Ces personnages effrayants, d’autant plus venant d’une enfant de 9 ans, âge que Vic avait quand elle a peint tous ces tableaux, forment un peuple difforme et organisé autour du Roi des marionnettes. Ce tableau, placé par Vic au centre de la pièce, représente une cour de poupées de chiffons usées, de peluches abîmées et de pantins tombés à terre. A gauche siège le roi, un pantin de bois à peine en meilleur état que ses sujets. Son trône est un coffre en bois recouvert de graffitis comme ceux que les enfants gribouillent à 4-5 ans. Il n’est le roi que parce qu’il porte une couronne et les teintes majoritaires du tableau, beige et Sienne, affirment que son royaume est sur la pente décadente. Il n’y a aucune couleur éclatante, la couronne d’or est sale. Le roi semble écouter les doléances d’une marionnette détachée du groupe, pliée en deux dans une sorte de révérence. Tout est mort dans ce tableau : aucun dynamisme, ni mouvement, la scène se lit de gauche à droite, tous les personnages sont au même plan, le fond est flou, on ne distingue aucun décor, aucun meuble à part le coffre-trône. Le reste des oeuvres est dans la même ligne. Il semble que Vic en ait fini avec son enfance triste qui, sans être malheureuse, semble morbide.
        La deuxième exposition, Funerals (childhood) - Funérails (enfance), confirme cette impression. Si on retrouve les jouets comme personnages des tableaux, ils ne sont plus les pièces principales. Vic propose ici un panorama des lieux de son enfance et par-là même de la nôtre aussi. On visite ainsi Le Jardin, Le Garage à vélo, La Cour de récréation, La Classe et d’autres lieux plus personnels : Le bureau de mon père, Ma chambre, La salle à manger de Grand’Mère. Aucun titre significatif : ils ne font que décrire ce que l’on voit. On distingue comme un fil conducteur entre les œuvres : les poupées ou les peluches dans un coin de chaque pièce, comme abandonnés par l’enfant qui ne joue plus avec. Aucun être vivant, pas même un animal de compagnie, ni oiseau, ni insecte. Les teintes des tableaux sont plus variées mais restent ternes comme des journées grises pour les scènes extérieures ou des après-midis pluvieux pour les intérieurs.
Après cette exposition, qui a eu lieu un an après la première, un intervalle de trois ans s’écoule avant que Vic expose ses portraits. Elle refuse de parler ce qui l’a poussé au silence. Mais le fait que désormais elle expose des êtres humains uniquement tranche avec une telle vigueur sur ses débuts qu’il est facile de comprendre qu’elle a changé complètement. Pourtant, Vic, comme elle me l’avoua lors d’une autre interview, n’a pas cessé de peindre des tableaux plus tristes, mais nettement plus abstraits. L’absence de fond pour chacun des portraits, où seul le blanc de la toile contraste avec le sujet, nous aide à comprendre que l’enfant existe, enfoui derrière ces visages.
        Vic reste une artiste énigmatique. On peut gloser sur l’enfant qui a grandi, est devenue une adolescente, puis une jeune femme mais il est impossible de conclure parce que la majeure partie de l’œuvre est invisible, dans le sens que Vic lui a donné en refusant que quiconque voit ces tableaux, c’est-à-dire impossible à voir. Vic se protège. Pourquoi ? La réponse est contenue dans cette crise d’adolescence qui nous a privé d’elle pendant trois ans. Mais je me garderai bien de lui poser la question.
Nous parlons de pratique puisque la théorie, c’est fait. Je l’interroge sur sa méthode que l’on a pu apercevoir dans un reportage télévisuel, une rareté dont Vic m'a envoyé la cassette. De la part de Vic, ce n'est pas de la prétention mais une attention, cela m'aide à construire mes questions.
- On vous a vue dans ce reportage parler avec votre modèle. Est-ce une habitude ?
- Oui, mais la présence de la caméra a faussé mon discours… On n’est jamais vraiment soi-même devant une caméra…
Silence, j’attends qu’elle rajoute quelque chose en vain, puis je continue mes questions :
- Vous n’avez pas l’air de regarder votre sujet pendant cette conversation, on vous sent ailleurs.
- Détrompez-vous. Je fais semblant de ne pas la regarder pour installer un climat de confiance, pour l’amener à se dévoiler. Je pense qu’en restant distante, elle va croire qu’elle peut me parler comme elle veut, je ne m’en servirais pas, je ne le retiendrais pas. En fait, mes sujets doivent croire que je les écoute d’une oreille distraite, que je reste concentrée sur mes dessins, mais je les détaille, je retiens toutes leurs attitudes et ils bougent selon la teneur de leur propos, alors je provoque certains sujets de conversation pour apprendre quelle tête ils ont quand ils éprouvent certaines émotions. Au risque d’énoncer un cliché, le plus beau visage est celui de l’amour. Dans le reportage, je demande à cette femme si c’est difficile de jouer sous le regard de celui qu’on aime. Quand elle répond « non », elle a son plus beau visage.
        Vic est lancée et je me garde bien de l’interrompre. Il m’est arrivé de le faire et de le regretter, elle ne parle pas, elle réfléchit à voix haute, l’interroger revient à la faire redescendre parmi nous.
- Tout mon travail sur les portraits consiste à trouver la faille, la voir et la faire voir. Quand je peints des acteurs ou des actrices c’est plus délicat mais plus intéressant, ils se cachent, et j’échoue parfois. Dans ces cas-là, je contourne, je biaise. SS par exemple, il n’y a pas de faille, je ne l’ai pas vue, pardon. Alors je l’ai peinte comme on l’a rarement vue : en colère. Si j’étais allée au bout de mon raisonnement, je l’aurais peinte laide. Remarquez, en colère elle n’est pas au mieux. En tout cas, je ne pouvais vraiment pas la peindre nue, son corps est une arme, un instrument pour agir, se défendre. En plus, à ce moment-là de notre relation, je n’éprouvais rien pour elle. C’était une statue, un modèle inanimé. Parfois ça m’aide, d’éprouver quelque chose, j’utilise l’émotion pour travailler. Mais là, rien. Peut-être cela m’a rendu plus réceptive vis-à-vis de ses sentiments pour moi. Je ne l’avais jamais envisagé, je suis le peintre, c’est moi qui dois ressentir. Aujourd’hui, j’ai peint un autre tableau, plus proche de sa … sincérité ? de sa réalité ? Je n’ose dire vérité, je ne crois pas à ce mot.
        Et comme elle a fini de parler des portraits, elle sort un dossier. Elle l’ouvre et me montre des reproductions photo de ses dernières œuvres, une dizaine. Elle tente de m’expliquer sa nouvelle démarche. Elle appelle ça « la théorie des coins ». « Ca commence par une idée de papier cadeau. Je déteste les papiers cadeaux, on ne sait jamais ce que ça cache. Une de mes amies a une fille, pour son anniversaire, je lui ai acheté une poupée en tissu, je déteste les baigneurs en plastique, c’est froid, mortifère. Pour lui offrir, je mets la poupée dans une boite à chaussures que je recouvre de papier marron comme les enveloppes. Je m’aperçois vite que j’ai fait ce que je déteste : un papier cadeau  et personne ne peut deviner le contenu. Hé là, idée de génie ! Je peints la poupée sur le papier comme par transparence, une poupée tassée dans sa boite. Toute contente, j’offre ma boite mais la petite n’ouvre pas. Elle croit que la boite est vide, que c’est une blague ! Je suis obligée d’ouvrir moi-même. J’ai laissé tomber l’idée du papier cadeau. J’ai retenu l’image de la poupée tassée dans la boite. Ca a donné des aquarelles sur fond marron, avec un fond de boite, avec 4 coins, puis 3, puis 2, puis un seul. L’objet change, (elle étale les feuilles, les indique du doigt), il est posé à terre puis contre le mur, ou il est suspendu. J’ai changé de perspective : vue d’en haut, d’en bas, de côté, droite, gauche… L’idée d’un seul coin s’est finalement imposée parce que c’est le symbole du repli sur soi, l’isolement, cet endroit vers lequel vous reculez, vous essayez de disparaître, de vous écraser. La boite était encore trop grande pour un corps. Un seul coin suffit pour un seul corps, un corps seul. Jusqu’à ce que je me rappelle que Vermeer lui aussi avait fait des coins. Modestement, je suis passée à autre chose. »
         Elle se tait. Elle sait quand s’arrêter. Dans son discours comme dans sa peinture, c’est une de ses qualités : aller jusqu’au bout de son exploration et s’arrêter avant de tourner en rond, avant de se retrouver coincée dans une impasse. A moi de réfléchir, de rebondir.
- La poupée de chiffon, c'est un retour aux marionnettes ou juste un hasard ?
- C'est un hasard, c'est pour ça que j'ai dessiné un corps de femme ensuite ... Je n'ai pas apporté ces dessins-là.
Elle se tait, elle hésite.
- Ma mère a vu ces dessins, avec la femme. Elle était tellement émue que ça m'a inquiété. Elle a réussi à m'expliquer que ça lui rappelait de mauvais souvenirs.

Je n'ai pas insisté. Vic semble décidée à ne rien dire de plus.

  - Pour passer à autre chose, ou plutôt pour revenir aux portraits, c’est la dernière fois promis ! Je n’ai pas eu le temps de vous demander pourquoi il n’y a pas de femmes brunes dans cette galerie ?
- Ouais, c’est vrai. (silence). Je ne sais pas. (elle secoue la tête) Non, je ne sais pas. Il faut que je réfléchisse.
        Là-dessus, elle me promets de me donner le fruit de ses réflexions par téléphone ou par écrit. Elle l’a fait : « Je crois que j’ai peur de trouver dans toute femme brune un reflet de moi-même. Je n’aime pas me voir dans les miroirs, alors me peindre ! »
- Et les hommes ?
- Oh, il y en a quelques-uns.
- Beaucoup moins.
- Ca va, ça vient. Je peints peu de personnes, en fait.
        Ca, ça veut dire que Vic en a assez de parler. Elle me demande si j’ai faim : il est presque midi. Elle m’invite à déjeuner, je refuse, j’ai d’autres projets. On se quitte en se promettant de se revoir. Je garde un sentiment de plénitude de cette rencontre : Vic m’a toujours beaucoup parlé mais j’ai l’impression qu’elle m’en a dit plus qu’auparavant. Elle a changé, encore ! Longue vie à toi, Vic.


9 août 2010

Talk show TV Vic


Emission très regardée, public jeune, fin de soirée.
Vic et présentateur à une table triangulaire avec un côté libre, chaise vide, pour accueillir un invité.

P (présentateur) s'adresse à la caméra :
- Bonsoir, nous sommes ce soir avec Vic, plus connue comme peintre mais qui sait ne pas s'en contenter.
Se tourne vers Vic.
- Enfin, j'ai réussi à vous convaincre de venir ! Cela fait un certain temps que j'avais envie de vous rencontrer, de parler avec vous, de vous.
Vic : - Oui, enfin, l'émission vient de commencer, vous avez encore le temps de le regretter.
P : - Cela n'arrivera pas, j'en suis sûr.
V : - Je peux décider de partir avant la fin.
P : - Impossible, toutes les issues sont bloquées.
Sourire de Vic.
P : - J'aimerai bien savoir pourquoi vous avez enfin accepté de venir.
V : - Vous l'avez dit vous-même : votre force de persuasion a vaincu mes dernières résistances.
Moue dubitative du présentateur.
P : - J'ai du mal à vous croire.
V : - Vous voulez vraiment savoir alors ?
Signe affirmatif du présentateur.
V : - Bien. Il y a plusieurs raisons : je n'avais rien à faire d'autre ce soir. Je suis en forme. Ca, ce sont les raisons qui n'ont rien à voir avec vous ou votre émission. (sourire de Vic)
P: - Merci de l'avoir quand même choisie !
V : - De rien. Je continue, j'ai choisi votre émission parce qu'elle répond à mes préférences.
P : - Vos exigences !!
V : - Oui, j'avoue je suis maniaque à certains points de vue. Je préfère le direct. Ca évite les montages, les dramatisations factices, la fabrication d'un espèce de show inexistant.
Vic compte sur ses doigts.
V : - Une émission assez longue qui laisse le temps d'aborder plusieurs sujets, de les développer. Ensuite, une émission où on ne parle que de moi, (sourire et clin d'oeil ) c'est mon côté narcissique.
P : -Vous oubliez qu'il y a un ou une invité(e) !
V : - Oui mais cette personne est là pour parler de moi.
P : - C'est vrai.
V : - Et puis, et surtout, il y a vous en tant qu'être humain avec votre personnalité.
P : - Merci pour cette confiance.
Il ramasse ses papiers.
P : - Je crois que nous pouvons partir sur ces bases-là. Vous m'avez dit que vous n'étiez pas là pour vendre quelque chose, ni faire de la promo. Ca tombe bien, parce que moi, j'ai juste envie de parler de vous et de votre oeuvre, vos peintures, bien sûr.
V : - D'accord, allons-y.
P : - Est-ce que vous peignez beaucoup ?
V : - Oui, pas mal, je ne sais pas combien de tableaux en tout, et puis il y a aussi des dessins, et encore, je ne parle que de ce que j'estime valable, pas de tout ce que je détruis... En fait, je ne compte pas, je m'intéresse au résultat, même si je dois faire 3 000 croquis, je considère que ce qui est important, c'est le tableau final. La qualité plutôt que la quantité, pour être claire.
P : - Bien sûr, je pensais aux tableaux connus, que vous avez montrés dans des expositions... De plus, vous avez commencé jeune. Et vous avez été connue tôt, n'est-ce pas ?
V : - Oui. (sourire de Vic) Vous avez bien préparé votre émission, vous avez lu la préface du catalogue, bravo.
P : - Et oui, je suis quelqu'un de sérieux. C'est dans ce catalogue que j'ai puisé mes informations. ( Il montre un grand livre noir avec, gravées en diagonale, les lettres dorées V-I-C) .
V : - Faites voir. (Il lui passe le livre, elle l'ouvre.) J'en étais sûre, vous l'avez fermé avant que ça sèche, regardez, tout a bavé sur l'autre page, le dessin est fichu !
Elle montre le livre ouvert, la dédicace  est en effet illisible.
P : - Oups, désolé.
V : - Tu parles. Je me suis creusée le cerveau pour trouver un petit mot original et voilà !!
P : - Mmm, original , vous êtes sure ?
Sourire de Vic.
P : - Ce catalogue, donc, regroupe les portraits de votre première expo, qui a eu lieu l'an dernier, je crois ?
V : - Oui pour l'an dernier, non pour première expo. J'en ai montées d'autres, moins médiatisées mais connues des spécialistes de la peinture.
P : - Ok. Pour cette exposition, c'est normal que la télévision en ait parlé : elle est entièrement consistuée de portraits d'actrices et d'acteurs. Ca fait très people, non ? En plus vous laissez croire qu'il y en a d'autres, impossibles à voir ...
V : - Il y en a dix en tout dans l'exposition. En fait, comme c'est expliqué dans le catalogue ...
P : - Oui, mais le public ne l'a pas lu, ce catalogue !!
V : - Ok, ok. Bon, pour reprendre mon explication, que j'aurai donnée de toutes façons, l'idée de cette exposition vient de certains “sujets”, c'est-à-dire mes clients, ceux qui sont sur les tableaux, qui payent pour avoir leur portrait, donc ces sujets, quelques-uns, pas tous, voulaient voir les autres tableaux. Alors j'ai fait le tour de tous ceux que j'ai peints, et je leur en ai parlé. Certains m'ont prêtés leur tableau, d'autres, non. Bon, aprés, mon agent a décidé que ce serait pas plus mal d'ouvrir l'expo au public et de vendre un catalogue pour rentrer dans nos frais. Enfin, pour finir, entre ceux qui ont accepté et  les autres, on a réuni dix portraits pour l'exposition.
P : - J'aimerai bien savoir qui a refusé et surtout  pourquoi.
Regard insistant et moue suppliante, sourire de Vic.
V : - C'est un secret.
P : - Dites-nous au moins combien de portraits en tout...
Vic hausse les sourcils, réfléchit.
V : - Pfff, trente, peut-être plus. Enfin, pour être précise,  j'ai peint trente personnes. Mais des tableaux, des dessins, des croquis, je ne sais pas exactement. J'en a refait certains même après les avoir vendus.
P : - Vous travaillez toujours sur commande ?
V : - Pour les portraits, oui. C'est toujours le sujet qui vient me voir. Après je refuse ou j'accepte.
P : - Inutile de vous demander qui vous avez refusé ...
Sourire de Vic.
V : - Inutile, en effet.
P : - Vous avez dit que vous en avez refait certains, pourquoi ? Lesquels ?
V : - Certains. (re-sourire ) Je recommence parce que parfois notre relation a changé, elle n'est plus ... commerciale.
P : - Serait-elle devenue affective ?
V : - Allez, lâchez-vous, assez de sous-entendus que le public ne saisit pas.
P : - Prenons, par exemple, SS...
V : - Un exemple pris totalement au hasard.
P : - Totalement au hasard.
V : - Vous savez, il y a d'autres raisons : je ne suis pas contente de ce que j'ai fait, j'ai découvert une personne différente... ( geste de la main)
P : - N'empêche, ces portraits ont fait grimper votre côte. Vous savez que vous êtes l'un des peintres la  plus vendue et la plus chère ?
V : - Ce qui m'intéresse, c'est de savoir si je me suis améliorée depuis. Je ne peints pas pour être vendue.
P : - Et si un de vos sujets vendait son portrait aux enchères, quelle serait votre réaction ?
V : - Je le prendrais trés mal. Vraiment. Ce serait une sorte de trahison. Mais, bon je mettrais en vente tous mes tableaux et comme ça les prix baisseraient et mon ex-client perdrait de l'argent. J'ai prévu le coup, à ma mort, je veux qu'on détruise toutes mes oeuvres invendues, de sorte que les  tableaux rescapés prendront tellement de valeur que leurs proprios ne trouveront pas d'acheteurs.
P : - Sans blague ?
Sourire de Vic.
P : - Bon. Vous ne peignez pas uniquement des portraits.
V : - Ce n'est que la partie immergée de l'iceberg. Le reste est beaucoup moins commercial et moins commercialisé !
P : - Mais vous savez aussi vous vendre !! C'est bien vous qui avez peint l'affiche de “Devil”, le dernier film de SS avec IA, non ?
V : - Pas exactement, mais je vois trés bien où vous voulez en venir, je ne suis pas dupe !!
Vic agite son doigt en direction du présentateur.
P : - Parlez-nous donc de cette affiche, qu'on va vous montrer à l'écran. ( deux visages de femmes qui se fondent ensemble, dans le fond, une ombre masculine. )
V : - A l'origine, c'était un dessin pour SS. Elle m'avait invitée sur le tournage, je l'ai remercié comme ça.
P : - SS est un de vos sujets. Attendez, le ...( il cherche dans le catalogue. )
V : - Le quatrième.
P : - Oui, le voilà. (gros plan sur le catalogue ouvert : une belle blonde accroupie )
V : - On voit rien comme ça ...Je disais donc : SS a affiché mon dessin dans sa caravane. Un type de la production l'a trouvé trés bien. Il l'a pris pour la montrer à ses patrons qui ont accepté. Je l'ai vendu trés cher et sans remord !!
P : - C'est vous qui avez répandu les commentaires écrits au dos de l'affiche ?
V : - Pardon ?
P : - Il y avait quelques mots écrits au dos de l'affiche, vos impressions, pas trés sympathiques, sur le tournage. Tout le monde les a entendus, mais personne ne sait qui a commencé à les répandre.
V : - Désolée, je ne vois pas de quoi vous parlez. Honnêtement, vous croyez que je suis capable de faire ça ?
Attitude outragée de Vic.
P : - Oui.
Rient ensemble.
P : - Bon, vous avez assez parlé. Maintenant, au tour de l'invité. Nous allons accueillir,  pour nous parler de ce tournage mouvementé, surprise !!,... IA !!
V : - Magnifique enchaînement !!
P : - Merci.
IA entre sur le plateau. Vic se lève pour lui dire bonjour, elle lui tend la main mais IA se penche pour lui faire la bise. Moment d'hésitation, elles se sourient et se font la bise. S'asseoient.
P : - Bonjour IA, et merci d'être avec nous.
IA : - Le plaisir est pour moi, vraiment, ce n'est pas une formule politesse. Passer du temps avec Vic, c'est du plaisir.
V : - Même à la télé ?
IA : - Oui.
IA fixe Vic.
Vic rougit, embarrassée, se mord la lèvre, passe sa main dans les cheveux.
P : - Eh bien, mais qu'est-ce qui vous arrive, Vic ?
IA sourit.
IA : - Je l'intimide.
P : - Ca, si j'avais su, je vous aurais reçue dés le début de l'émission !!
Vic ne dit rien, fixe la table.
P : - Eh bien, Vic, on ne vous entend plus.
Vic ne bouge pas, le présentateur se tourne vers IA.
P : - Parlons de “Devil” si vous voulez bien.
Signe positif de IA.
P : - C'est sur le tournage de ce film que vous avez rencontré Vic ...
IA : - A vrai dire, nous n'avons pas... Vic n'est restée que quelques jours, elle était venue voir SS... Elle m'a juste demandé un autographe, je lui ai donné avant qu'elle ne parte, j'avais écrit que j'aimerai beaucoup la revoir pour la connaître vraiment.
Vic bouge, s'agite, IA se tourne vers elle pour l'écouter .
V : - Maintenant, je peux bien vous l'avouer, je suis venue sur le tournage pour vous rencontrer.
IA : - Pourtant, tu es restée constamment avec SS, tu as passé tout le week-end avec elle. Et nous n'avons pratiquement pas parlé.
V : - Je n'aurais jamais osé ! D'ailleurs, si vous n'aviez pas fait le premier pas, je .... je serais restée dans mon coin à vous regarder.
IA : - Vraiment ? C'est extraordinaire, tu n'avais pas l'air gêné avec SS, alors que c'est une star internationale !!
Vic a un geste de la main qui balaie la table.
V : - Ca n'a rien à voir avec la célébrité. En tant que personne SS est beaucoup plus abordable que vous. Vous ..., Votre visage... (Vic lève la main, semble dessiner le visage de IA dans l'espace, elle la ramène devant sa bouche.) Vous êtes tellement ... unique.
P: - Hé bien, je me demande ce qu'en pense SS.
V : - Elle sait tout ça, je lui ai expliqué.
Silence.
IA s'adresse au présentateur :
- Je crois que c'est ce qu'il y a de plus fascinant avec Vic. Son charme... (IA sourit à Vic.) Ce mélange de timidité et de franchise, et cette franchise peut aller très loin ... Vous savez, Vic est bien la seule personne qui m'ait donné la meilleure définition du mot aimer, même si cela ne m'était pas destiné.
P : - C'est-à-dire ?
IA : - Aimer c'est offrir et recevoir pas donner et prendre.
V ( tout bas) : - Je m'en souviens. ( Plus fort) En effet, cela ne vous était pas destiné.
P : - C'était à quelle occasion ?
V : - Ma première engueulade avec SS. Le deuxième jour  de mon séjour sur le tournage. Un vrai carnage !
IA : - Ca, tu peux le dire !
P : - Expliquez-nous, que s'est-il passé ?
IA : - Vic a réussi en cinq minutes à éternuer pendant une prise, s'emmêler les pieds dans les câbles et les débrancher, elle a aussi organisé un chahut à la cantine avec les enfants qui tournaient avec nous...
V : - Hé ! Vous aussi, vous avez participé à la bataille de yaourts !!
IA : - Allons, tout le monde sait que je ne mange jamais de yaourt.
Elles éclatent de rire toutes les deux.
P : - Je plains les responsables du tournage. A ce propos, IA, vous pouvez peut-être nous dire ce qu'il y avait d'écrit sur cette fameuse affiche.
IA : - Bien sûr.
V : - Avant de le faire, pour ma défense, il faudrait préciser que, moi, tout ce que j'ai vu du tournage, c'est les deux épaules du garde-chiourme qui était chargé de me surveiller.
IA : - Après tout le bazar que tu as causé, c'est normal que tu sois placée sous surveillance.
V : - C'était la première fois que j'étais sur un tournage et personne ne m'a averti de tous les dangers qui me guettaient !!
P : - Alors, ces commentaires ?
IA : - Je les ai recopiés. (elle sort une feuille et la déplie. Elle lit : ) “Piss off Devil !” Je ne traduis pas, tout le monde a compris. ( Vic se cache le visage dans les mains.) Je continue, en traduisant directement, “ et surtout le connard qui sert de réverbère à tous les chiens de ce trou à rats. Je ne parle pas du chef-lumière mais du trou du cul payé par la production, comme si une maison de production avait besoin d'un trou du cul pour faire de la merde !” C'est tout.
V : - Mon Dieu, quelle honte .
P : - Waou ! Pas mal.
IA à Vic : - C'est bien ce que tu as écrit, non ? Je n'ai rien oublié ?
V : - Oui.
Vic se cache toujours le visage dans les mains.
P : - Vous avez une manière bien à vous d'exprimer votre avis, Vic.
V : - Mmm. (Elle baisse ses mains et elle laisse voir ses yeux.) Je n'ai fait qu'exprimer tout haut ce que tout le monde pensait tout bas.
P : - Et l'employé de la production, qu'en pense-t-il ?
Vic et IA se regardent.
V : - Je ne crois pas qu'il soit au courant, SS a donné une copie de l'affiche, elle a caché l'original.
IA : - Je ne sais pas.
P : - Donc, vous vous êtes rencontrées sur ce tournage. Est-ce que vous vous êtes revues ensuite ?
Ensembles : - Oui.
V : - IA m'a demandé de faire son portrait. J'ai accepté.
P : - Je croyais que vous ne faisiez plus de portrait.
V : - C'était difficile de refuser.
IA sourit.
P : - C'est parfait. IA, vous allez pouvoir nous expliquer, dans les détails, comment Vic travaille. Racontez-nous une séance de pose avec elle.
IA : - En fait, il n'y a pas de séances de pose à proprement parler. Vic et moi nous avons passé quelques jours ensembles, chez moi. Elle m'a posé quelques questions mais très peu. Elle a passé son temps à dessiner sur son carnet de croquis. Au début, j'étais gênée, je ne savais pas quoi faire et puis, très vite, j'ai oublié sa présence  jusqu'au jour où elle m'a dit qu'elle avait assez de matériau et qu'il fallait qu'elle retourne dans son atelier pour commencer le tableau. Et pendant des semaines, je n'ai plus eu de nouvelles. Et, un jour, elle m'a téléphoné. Elle m'invitait dans son atelier pour voir le premier essai.
P : - Vous avez vu le tableau alors ?
V : - Non. (interrompt IA ) Pardon, vous alliez dire... ?
IA : - Non, vas-y, à ton tour.
V : - C'était une esquisse. Je n'avais même pas commencé à choisir la toile. C'était juste pour voir la réaction de IA, savoir ce qu'elle en pensait.
IA : - C'était magnifique. Surtout quand tu m'as expliqué ton intention, jamais personne ne m'avait parlé de mon visage de cette façon, pas même les photographes. Quand je suis rentrée, je me suis regardée dans une glace et j'ai examiné mon reflet pour la première fois ! J'avais l'impression d'avoir changé de figure !
Vic baisse les yeux, parle sans regarder IA.
V : - C'est tellement facile de peindre votre visage, il est tellement pur. Il suffit à remplir l'espace de la toile.
IA hoche affirmativement la tête.
IA : - Mmmm.
P : - Mais, Vic, pourquoi ne pas l'avoir montré à votre exposition ?
V : - Parce qu'il n'existait pas encore !
IA : - C'est grâce à cette expo que j'ai découvert le talent de Vic et c'est cela qui m'a poussé à lui demander de peindre mon portrait.
Silence.
P : - C'est étrange, depuis le début, vous, IA, vous tutoyez Vic alors que Vic vous vouvoie...
IA : - C'est à Vic de s'expliquer ! Moi, j'ai toujours insisté pour qu'elle me tutoie.
V: - Ce n'est pas... Il ne faut pas que vous preniez ça pour ... un refus d'amitié, c'est une forme de respect !
IA : - Tu tutoies SS.
V : - Oui. Mais comme je le disais tout à l'heure, il n'y a pas la même distance entre ... quelqu'un que l'on admire et .... quelqu'un pour qui on a de l'affection, c'est une question de respect, de familiarité.
IA : - Donc, si j'ai bien compris, tu aimes SS et moi, tu m'admires. D'où le vouvoiement.
V : - Oui.
IA : - Donc tu ne m'aimes pas.
V : - Non, si, mais on ne parle pas de la même chose !
IA rit, Vic se met à rire elle aussi.
V : - Ce n'est pas le même sentiment mais c'est aussi fort.
IA : - Ouais. De temps en temps, je préfèrerai que tu m'admires un peu moins... Il va falloir que nous en reparlions.
P : - C'est évident. Mais pas ici, en public.
IA : - Certainement pas.
Vic garde les yeux baissés.
P : - Bien, IA, je vous remercie beaucoup d'être venue, c'était vraiment un plaisir.
IA : - Je suis contente d'avoir accepté. (se lève)
V : - Merci, à bientôt.
IA passe la main dans les cheveux de Vic en souriant.
IA : - A bientôt.
Sort sous les applaudissements.
P : - Voilà qui nous fournit bien des renseignements en plus sur vous.
V : - Mmmm.
P : - Je ne savais pas que vous connaissiez si bien SS.
V : - Elle m'a proposé de venir sur ce tournage et nous avons fait connaissance.
P : - A propos de SS, j'ai entendu parler d'un projet de film, avec vous à ses côtés...
V : - C'est une rumeur de projet.
P : - Quelle est la nature de votre relation avec SS ?
V: - On s'éloigne de la peinture.
P : - Je crois qu'on a ouvert un chemin plus personnel.
V : - C'est mon amie.
P : - C'est pour ça que vous avez des disputes légendaires, comme sur le tournage de “Devil” ?
V : - Ca fait partie de l'amitié, ça va, ça vient.
P : - Comme vous.
V : - Pardon ?
P : - Vous allez, vous venez, vous voyagez beaucoup : hier vous étiez à Rome, demain vous serez à Londres.
V : - Je ne vois pas trop l'intérêt de cette remarque. Mais oui, je voyage beaucoup, j'ai des amis à voir. J'aime voyager, changer d'endroit... Vous voulez connaître le véritable charme des voyages ? C'est le retour.
Vous vous rapprochez de chez vous, vous comptez les jours, les heures. Vous vous dites : “Plus que deux jours, plus qu'un jour, quelques heures, ça y est, je suis dans ma ville, encore quelques rues, plus qu'une, quelques maisons. Là, chez moi, enfin.” Au fur et à mesure que vous vous rapprochez, vous imaginez ce que vous allez faire : un bon bain chaud, de la musique, un cigare, un verre de vin... Puis ça y est, vous êtes chez vous. Vous entrez, vous poussez du pieds le tas de courrier en retard, vous laissez tomber vos bagages, vous enlevez vos bottes. Vous allez dans la salle de bains ouvrir les robinets de la baignoire, vous versez toutes sortes de produits pour faire de la mousse, vous préparez minutieusement l'indispensable : le cigare, le cendrier, la bouteille, la musique, le verre ... Alors seulement, quand tout est là, vous vous déshabillez, vous enlevez ces vêtements dégueulasses et vous vous glissez dans l'eau chaude. Après, une fois détendue, bien mollement, vous sortez, vous vous enveloppez dans un peignoir très, très doux. Vous recouvrez votre corps d'une crème hydratante qui fait tant de bien à votre peau. Puis vous vous occupez de vos ongles, de vos mains, de vos dents, de vos cheveux. Quand vous avez fini, vous vous dites qu'il vous manque encore une chose et votre petit ami sonne à la porte. Et là, vous êtes vraiment content d'être chez vous.
P : - Waou !! Chouette programme ! Ca se passe toujours comme ça pour vous ?
V : - Non. Moi, c'est plutôt : je suis crevée, j'enlève mes godasses, et le téléphone sonne. C'est un ami qui a des ennuis et je dois remettre mes godasses pour aller l'aider.
P : - C'est pas de chance. Vous voyagez comment ?
V : - Je voyage comme je peux : pour traverser l'Atlantique, je prends l'avion plutôt que le bateau. Sinon, je suppose  que c'est là que vous voulez en venir, je conduis une moto. J'ai un diplôme de mécanique moto. Enfin, ce soir, je prends le train.
P : - Vous allez où ?
V : - Quelque part.
P : - Vous n'aimez pas beaucoup parler de vous.
V : - Non. Il y a des sujets beaucoup plus intéressants.
P : - Comme le cinéma.
V : - Par exemple.
P : - Vous n'avez jamais rêvé d'être actrice ?
V : - Non, être moi-même me suffit.
Le présentateur lève la main.
- D'accord, j'ai compris, j'arrête. Une dernière question avant la fin, s'il vous plait.
V : - Allez-y.
P : - Vous reviendrez nous voir ?
V : - Oui, promis.
Générique de fin.

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9 août 2010

Interview papier Vic peinture 2


- Bonjour, Vic.
- Bonjour.
- C'est étrange, d'habitude avec les peintres, les entrevues reviennen à intervalles très longs : quatre à cinq ans. Alors que nous nous sommes rencontrés l'an dernier déjà, pour votre exposition « Portraits ».
- Je ne vis pas à la même vitesse, j'ai beaucoup moins de temps devant moi que les autres. De plus, je ne suis plus aussi patiente, je ne cherche plus trop à approfondir certaines voies, je reste à la surface.
- Pour un peintre, cela semble logique.
- Ouais.
- Le fait d'avoir choisi de faire du cinéma annonce-t-il un renouvellement de votre mode d'expression artistique ?
- Non. Cela annonce une envie de me marrer avec des amis. Cela dit, je crois que la composition musicale correspondrait mieux à ce qu'implique votre question. Parce que je suppose que vous voulez savoir, en posant cette question, si j'ai décidé de changer de support artistique ?
- En fait, je voulais savoir si le cinéma était l'expression d'une évolution dans votre travail, à savoir que vous retournerez à la peinture avec une autre vision ou si ce film est un changement radical de votre vision artistique.

- Soyons clair, j'ai fait du cinéma par amitié et c'est tout. Je pense que si j'avais envisagé le cinéma en tant qu'artiste, j'aurais pris la place de metteur en scène mais franchement, ça n'aurait pas marché. Je travaille en solitaire et un film est une oeuvre collective, qui nécessite un travail d'équipe. Ingérable, inenvisageable pour moi.

- Vous vous êtes aussi essayée à la décoration d'intérieur.
- Oui, par amitié toujours. Une ami emménageait et elle voulait changer tout l'intérieur de sa nouvelle maison.
- J'ai vu des photographies dans la revue « Sweet Home ». L'assemblage des couleurs, les jeux de perspectives, la progression des marches qui suit la succession des plans, vous avez reproduit votre univers pictural dans cette maison.
- Ouais. J'aime bien cette pièce. J'ai l'impression, quand j'y entre, de pénétrer dans un de mes tableaux.
- Et pour en revenir à la musique, vous avez dit que c'était le signe d'un changement, vous pouvez préciser ?
- La musique,... Ce n'est pas un changement radical, je ne vais pas à partir de maintenant, me consacrer uniquement à la musique. C'est juste une tentative, un essai vers quelque chose de différent. Je continue à peindre. Remarquez que le cinéma et la peinture sont proches : ce sont des arts visuels. Et je crois comprendre comment vous est venue cette question. Aprés avoir tâté de l'immobilisme avec la peinture, il serait logique que je cherche du côté du mouvement avec le cinéma. - En effet, c'est le raisonnement que j'ai suivi.
- Le mouvement ne m'intéresse pas artistiquement. Pour moi, l'art c'est fixer un moment, un être pour l'éternité. Je ne conçois pas l'art comme une mécanique vivante. Et puis, je ne sais pas raconter des histoires. J'ai essayé la musique parce que cela touche un autre sens. Vous l'avez remarqué vous-même dans un de vos articles : je suis sensible, à l'écoute de mes sens. Donc avec la musique, je fais appel à l'ouïe. Je dis toujours que la peinture doit être comme un exercice physique, que je peints avec tout mon corps. Dans la musique, le corps a sa place mais plus dans l'appréciation de l'oeuvre, aprés sa conception, quand on goûte l'oeuvre plus que quand on la construit, ou qu'on la joue. Alors que pour la peinture, le corps ne sert à rien, une fois l'oeuvre finie. C'est là le principal changement en ce qui concerne mon travail.
- Pourquoi avoir choisi ce genre de musique, le rock dur, alors que vous êtes restée classique dans la conception de vos tableaux ?
- Parce que je suis jeune ! Non, tout simplement parce que le rock est tout ce que je suis capable de produire. Je ne me vois pas composer un opéra ou un concerto. Le format convient à mon niveau musical : c'est court et simple.
- Que signifie alors l'écriture des paroles en plus de la composition musicale ? Un autre essai vers un autre domaine, la littérature ?
- Ohlala, non, pas du tout. Mes chansons ne sont pas de la littérature, ni même de la poésie. J'ai essayé de traduire avec des mots ce que je ressentais en accord avec la musique. Mais je ne suis pas sûre d'y être arrivée, tout me semble creux, cliché dans mes chansons. Les mots m'ont toujours semblé un intermédiaire de trop entre l'oeuvre et moi, entre l'oeuvre et le public.
- En tout cas, vous expliquez très bien avec des mots, vos intentions artistiques.
- C'est parce que je suis dans un de mes bons jours. J'aurais pu vous renvoyer sur les roses, pour rester poli. Et puis, bon, j'ai un peu triché, je vous l'avoue. Je lis toujours les critiques de mes tableaux, je reprends ce qui me plait et je m'entraine à démolir ce qui me déplait. Ca me permet de prévoir mes réponses.
- Vous voulez dire que vous avez lu tout ce que j'ai écrit sur vous et votre oeuvre ?
- Pas seulement. Je comprends mieux votre point de vue comme ça. Et vos points faibles aussi.
- Vraiment ?
- Vous utilisez de grands mots avec de grandes théories mais heureusement pour vous, vous en connaissez le sens.
- Trop aimable.
- Ce sont vos qualités et je crois que vous n'allez pas aimer ce que je veux dire à propos de vos défauts. Heureusement, votre cassette est finie. Je n'aurais pas à vous déplaire.
- Oui, je pense que nous allons nous quitter là. Merci d'avoir répondu à mes questions.
- De rien.

9 août 2010

Interview papier Vic « j’en ai marre ».

Nous avons demandé à Vic, la protégée de SS, de quoi elle en a marre.
- Vous en avez pas marre qu’on dise que vous avez réussi grâce à votre amie SS ?
- Non, parce que c’est vrai. Enfin, pour être précis, c’est grâce à elle que j’ai joué dans un film et indirectement fait de la musique, puisque j’ai participé à la bande originale du film. Quant à savoir si j’ai réussi, c’est encore trop tôt pour l’affirmer.
- Vous en avez pas marre de peindre ?
- Jamais. Peindre, c’est ma vie. Mais je commence à envisager autre chose, comme filmer. C’est assez vague comme projet, j’ai juste l’impression, pour avoir discuté avec des metteurs en scène, que nous avons le même regard… sur les êtres, enfin, eux ils ont des acteurs à faire jouer, moi ce sont les êtres humains… Je sais bien que le metteur en scène s’attaque à un personnage pour le faire vivre et moi je cherche la vérité, mais… Enfin, bon, tout ce que je dis a l’air incompréhensible, non, pardon,  c’est incompréhensible ! En tout cas, pour essayer de résumer, d’un point de vue technique, c’est l’œil qui dirige mon travail et je crois que pour un metteur en scène, c’est pareil. Bon, bien sûr, lui il doit gérer le mouvement, la narration et c’est ça aussi qui m’attire, introduire le mouvement dans l’image statique d’un tableau…STOP ! Question suivante, s’il vous plait !
- Vous n’en avez pas marre de vivre ?
- Non, j’en ai juste marre de savoir que je vais mourir.
- Vous en avez pas marre de faire de la promo ?
- Si. J’ai l’impression d’être une pute sauf qu’une pute, elle tombe parfois sur un client qui lui fait prendre son pied. Moi, ça ne m’est pas encore arrivé. Tout ça, ça devient vite mécanique, vous répétez la même chose des dizaines de fois et quand vous essayez d’être originale,  on vous dit tout de suite : « mais ce n’est pas ce que vous aviez dit à machin ! ». Ca, j’en ai vraiment marre !
- Vous en avez pas marre qu’on vous reconnaisse dans la rue ?
- Si. Mais ça n’arrive pas souvent. Je ne suis pas encore très connue. C’est vrai que la perte de l’anonymat est une sacrée perte de liberté.
- Vous l’avez choisi, non ?
- Mmmm… Il y a quelques jours, je suis allée voir un ami qui est,… était, séropositif, en phase terminale. On parlait … Il m’a dit : «  tu sais, ce qui me fait le plus mal, ce n’est pas de mourir, je me suis fait à l’idée. Ce qui me fait le plus mal, c’est que, quand je serai mort, personne ne se souviendra de moi . » J’ai essayé de le consoler : « Et ta famille ? » . « Tu la vois ici, ma famille ? ». « Et tes amis ? ».  « Ils sont tous séropositifs, ils vont tous disparaître »… Voilà, c’est pour ça que j’ai décidé de sortir de l’anonymat, pour ceux qui sont restés anonymes et pour ne pas disparaître à mon tour.
… Silence ...
- Vous en avez pas marre d’avoir des amis partout ?
- Non. Je trouve ça sympa de savoir que quelqu’un m’attende où que j’aille, ça me rassure. Mais mes amis ne se connaissent pas forcément entre eux. Parce que je suis plutôt exclusive et je suis différente avec chacun d’eux. Je crois que je n’aime pas mélanger mes amis, j’ai peur qu’ils construisent une relation qui m’exclurait.
- Vous en avez pas marre de votre famille ?
- Ca dépend des jours.
- Vous en avez pas marre d’être ni américaine, ni italienne ?
- Non, ça fait partie de moi. Ca me constitue.
- Vous en avez pas marre de SS ?
- Non.
- Vous en avez pas marre d’être toujours associée à elle ?
- Si.
- Vous en avez pas marre de vous engueuler avec elle ?
- Parfois.
- Vous en avez pas marre de répondre par oui ou par non ?
- Changez vos questions, je changerai mes réponses.
- Vous en avez pas marre de provoquer, par jeu ?
- Non. Je ne le fais pas toujours exprès. Bon, quelquefois, ça m’amuse. Mais souvent la personne qui m’interroge m’énerve, je ne peux pas m’en empêcher.
- Vous en avez pas marre de moi ?
- Question dangereuse. Ca va pour l’instant.
- Vous en avez pas marre de mes questions ?
- Ca commence en effet, mais vous prenez des risques et ça m’intéresse de savoir jusqu’où vous irez.
- Vous en avez pas marre d’être jeune et dynamique ?
- Ca passera avec l’âge. Ca permet de dire et de faire certaines choses qu’on me pardonne. C’est très fatiguant parfois, vous avez l’impression de n’être là que pour faire exploser la marmite, pour faire avancer les choses. Ca épuise. Ceci dit, je ne m’imagine pas en vieille dame ni en grand’mère. Mais j’ai deux bons exemples de vieilles dames : mes grands mères. Elles, elles sont jeunes et dynamiques, chacune à leur façon. Ma grand’mère italienne, pardon sicilienne, a des côtés « grosse mamma  italienne » : elle est possessive, jalouse de ses belles-filles, marieuse…Mais elle possède une sensibilité aux gens, c’est simple, quand j’ai un secret, je l’évite parce qu’elle finit toujours par le deviner ou elle me manipule pour que je lui avoue tout. Ma grand’mère irlandaise, c’est différent, elle est plus secrète, beaucoup moins expansive mais extrêmement fidèle et avec autant d’amour à donner. Ce sont de bons modèles.
- Vous en avez pas marre de cette image de naïve, innocente ?
- Les gens qui disent ça ne me connaissent pas.
- Vous en avez pas marre de vous cacher derrière cette attitude de gamine effrontée ?
- Qui vous parle d’image ? Peut-être que je suis comme ça. Peut-être que je me protège derrière cette attitude. Je trouve que l’insolence me va bien et ça tient à distance la plupart des emmerdeurs et des piques-assiettes. Ceux qui me connaissent s’en contrefoutent de cette image.
- De quoi vous avez vraiment marre ?
- Des gens qui ne sont pas capables d’avouer leurs sentiments, ils finissent par être malheureux et par faire du mal aux autres. Sinon j’en ai marre de l’hypocrisie générale, du SIDA, de la misère… Mais en fait, je vais vous avouer un truc qui me fait chier. Il faut que ça change, c’est trop insupportable ! Je ne l’ai dit à personne, mais ce qui m’agace vraiment, c’est le sens giratoire de la terre !! Pourquoi le soleil se lève toujours à l’ouest et pourquoi pas à l’est une fois sur deux ? Hein ? Ce serait sympa , non ?

9 août 2010

Interview papier revue de cinéma SS et Vic

Journaliste : - Je vous propose de jouer au jeu des contraires parce que vous êtes ce qu'on peut appeler l'union de deux contraires.
Vic : - Je ne vois pas vraiment ce que ça a à voir avec le film.
J : - Le film est basé sur votre relation, votre opposition constante...
V : - C'est un film.
SS : - On va jouer comme si on était encore nos personnages.
V : - Ok, ok,ok.
J : - Qui veut commencer ?
V : - Moi. C'est facile : elle est blonde, je suis brune.
SS : - Elle est jeune, je suis vieille.
V : - Trés, trés vieille, elle a au moins cinquante ans de plus que moi !
SS : - Vic, joue le jeu.
V : - Pardon, elle est belle, je suis quelconque.
S : - Mais non, tu es belle aussi.
V : - Non, mais vous avez entendu ? Elle aurait pu dire : "Allons, ma chérie, c'est l'inverse, voyons." Et, elle, elle dit : " Tu es belle aussi ."!!
SS éclate de rire.
J : - S'il vous plait, on peut continuer ?
SS : - C'est mon tour. Elle a la bougeotte, je suis plutôt casanière.
V : - Ouais, quand elle se déplace, elle déménage toute sa maison, sa femme de ménage, son chien...
SS : - Et toi, tu prends une brosse à dents, du papier, un crayon et hop, tu disparais, à pieds, en moto, en avion...
V : - Je suis libre ! Mais c'est une fuite en avant. SS, elle, n'abandonne jamais, elle pulvérise les obstacles. Elle va jusqu'au bout. Moi, je fuis au moindre problème.
SS : - Toi, tu es enthousiaste, tu n'es jamais blasée. Moi, je suis en retrait, je pêche par excés de prudence.
V :- C'est ce qui te donne la force de tenir. Tu es solide, expérimentée. Moi, je m'excite comme une étincelle et pfuit, je m'éteins.
SS : - Mais tu restes créative, tu es une artiste !
V : - Toi aussi, tu l'es mais comme tu t'appuies sur l'expérience, sur la technique, ça tient la route.
SS : - Oh, arrête un peu, tu veux ? Vous voyez, c'est toujours pareil avec elle, elle préfère faire pitié qu'envie.
V : - Et toi, tu veux faire envie plutôt que pitié. Tu es une battante.
SS : - Et toi, une flatteuse. Une manipulatrice, une lécheuse de bottes, une hypocrite...
Vic se contente de sourire en regardant SS.
J : - On recommence ? C'était à SS, je crois...
V: - Comme vous voulez...
SS : - J'ai bossé dur pour gagner ce que j'ai, Vic est née avec tout ce qu'elle a.
V : - Pauvre petite femme riche. Tu aimes l'argent pour l'argent, moi je m'en sers.
SS : - Tu ne le gagnes pas à la sueur de ton front. Il n'y a que les gens nés riches qui peuvent se permettre de mépriser l'argent et le pouvoir qu'il donne. Tu t'habilles mal avec des vieux machins par snobisme.
V : - Je n'écrase pas les gens avec mes fringues de haute couture, ma grosse bagnole, ma super baraque... Quelle prétention ! Tu oublies d'où tu viens !
SS : - Sale hypocrite ! Tu gagnes plus que moi avec tes tableaux et ta grand'mère t'entretient, et pourtant tu vis dans une maison pourrie du ghetto.
V : - Hypocrite, moi ! Et toi ? Devant les journalistes, les photographes, t'es toute gentille, tout sourire alors que tu les détestes.
SS : - Tu es trop naïve. Je joue le jeu, c'est tout, ça fait partie du métier.
V : - Métier de pute.
SS : - C'est mon métier et c'est comme ça que je gagne ma vie.
V : - Tu ramènes tout au fric. Comme quand tu m'achètes des cadeaux. On dirait que tu veux m'acheter.
SS : - Bien sûr, si j'étais venue en disant : "Eh, Vic, viens voir, j'ai trouvé une super robe qui t'irait bien", t'aurais accepté ? Et même si tu étais venue, tu aurais refusée que je te l'offre.
V : - Qu'est-ce que tu en sais ? Tu ne l'as jamais fait, tu achètes la robe et ensuite tu essaies de me persuader de la prendre.
SS : - Tu ne comprends pas que j'ai envie de te faire plaisir en t'offrant des cadeaux.
V : - Alors pourquoi j'ai l'impression que tu TE fais plaisir ? Le problème avec les cadeaux, c'est qu'on les accepte pour faire plaisir à celui qui les offre.
SS : - Qu'est-ce que je dois faire alors ?
V : - Offre-moi du temps avec toi. Comme je te connais, on finira par s'engueuler parce que tu voudras toujours rentabiliser ces moments-là. Tu es incapable de faire quelque chose gratuitement.
SS : - J'ai perdu trop de temps avant de te rencontrer.
V : - Tu ne le rattrapperas jamais, en tout cas pas en m'offrant des cadeaux.
SS : - Ca, j'ai compris.
J : - Hum, excusez-moi,mais comme ça tourne au réglement de compte, on va arrêter.
SS : - Vous ne nous avez jamais vu en train de nous engueuler.
V : - Allons, ça ne vous dérange pas tant que ça, ça fait vendre.
J : - Ce que je voulais, c'était que vous nous montriez ce qui rend votre amitié si spéciale.
SS : - Ne vous inquiétez pas, nous ne sommes pas en train de nous entretuer. Nous ne faisons que jouer.
V : - Ouais, on joue.
J : - Vous voulez continuer à jouer ?
V : - Non. Vous savez, on ne vous a pas attendu pour comprendre que nous nous aimons malgré nos différences.
SS : - Vic, calme-toi.
V : - Jeu à la con.
J : - Votre relation fascine tous ceux qui vous ont rencontrées, je voulais en dévoiler une partie.
V : - Cette relation nous l'avons construite, entretenue. Elle n'est pas apparue comme ça, par magie.
SS : - Avec la certitude que ça en valait la peine.
V : - Amen.

12 mai 2010

Interview TV film SS

SS en plan américain, voix off.

- Comment avez-vous choisi Vic pour faire ce film ?
- J'ai rencontré Vic grâce à un ami commun. Je lui ai demandé de faire mon portrait, Vic est un peintre très important, vous savez. Nous sommes devenus amies. Ca a l'air simple dit comme ça, mais c'est beaucoup plus difficile dans la vraie vie !
- Pourquoi ?
- C'est une sale gosse ! Elle est têtue, insupportable... Elle n'a pas arrêté de faire l'andouille pendant le tournage. Quand je lui avais demandé de travailler avec moi, je croyais qu'elle prendrait ça au sérieux. Tu parles ! Elle sortait tous les soirs, elle dormait entre les prises, elle n'a jamais appris son texte...
- Pourtant, c'est vous qui avez insisté pour qu'elle joue à vos côtés.
- Oui, mais je croyais sincèrement qu'elle allait faire attention. Je la connais depuis un an environ. Mais c'est comme si nous étions amies depuis l'enfance. C'est quelqu'un de très attachant, elle est enthousiaste, vive. Têtue mais enthousiaste !
- Pourquoi elle et personne d'autre ?
- Quand j'ai lu le scénario, j'ai tout de suite pensé à elle ! Le personnage lui ressemble tellement ! Et puis... Je voulais partager mon travail avec elle, comme elle l'avait fait quand elle a peint mon portrait. Elle m'a invitée dans son atelier et je l'ai regardée peindre...C'était fascinant.
- Comment a réagi Vic quand vous lui avez proposé le rôle ?
- Elle a refusé ! J'ai dû négocié pendant des heures ! On a beaucoup parlé, enfin hurlé surtout.
SS se lève, marche de long en large en moulinant des bras.
- Elle gesticulait comme ça, en hurlant, et moi, j'essaie de rester calme, d'argumenter intelligemment jusqu'à ce que je craque et que je me mette à hurler comme elle. Mais on y est arrivé, on a fait le film. Maintenant, c'est au public de venir voir le résultat.

1 mai 2010

TV italienne

Un peintre dans la ville
Réalisateur : José Giovanni pour TV Italia, chaîne câblée de langue italienne, diffusée à Los Angeles

 

 

1e séquence
Voix off : « Nous sommes à la frontière des quartiers noir, hispanique et à quelques rues du quartier asiatique. Là, entre un garage à motos et un drugstore, ce hangar. En fait, l’atelier de Vic, jeune peintre italo-américaine de 15 ans à peine. »

Image :
Extérieur-jour- plan large sur un hangar

 

Pas de passant

2e séquence
Vic : « Oh, c’est vous. Entrez, bonjour. »

 

Vic : «  Voilà, c’est mon atelier. Vous avez de la chance, c’est propre et rangé. Ca n’arrive qu’une fois de temps en temps. »

Gros plan sur la porte- plan américain
sur
Jeune fille qui ouvre, parle italien

Travelling avant :

La caméra suit Vic à l’intérieur- grande pièce blanche très éclairée- toit transparent-
baie vitrée à gauche


Plan large sur Vic, bras écartés au milieu
de la pièce


Plan panoramique droite à gauche : évier,
plan de travail, coin cuisine, Vic, derrière elle, contre le mur, tables avec pinceaux, tubes,
puis canapé, fauteuil

3e séquence
Voix off : " Issue d’une famille nombreuse, 4 enfants, mais à l’aise, Vic a grandi avec son frère et ses sœurs dans une culture cosmopolite, plus européenne qu’américaine. En famille on parle italien ou plutôt sicilien de New York, où ont vécu les parents. Même la mère de Vic, irlandaise d’origine parle ce dialecte. "

       Voix off : " L’oeuvre de Vic ne suit pas véritablement de progression. Les sujets de ses toiles sont très diverses : abstrait ou réaliste, des natures mortes, des portraits masculins ou féminins… Elle a aussi sculpté du marbre, tatoué des corps humains. Toutes ses œuvres reflètent tous un imaginaire puissamment évocateur, parfois sanglant ou violent, mais toujours juste dans l’émotion. "

Plan rapproché sur la main gauche de
Vic qui peint un nu féminin sur
feuille blanche





Zoom arrière : Vic à son bureau de dos.

                                

Retour plan rapproché sur le dessin, le personnage dessiné apparaît au fur et à
mesure du commentaire off.

                           

Plans de coupe :

quelques œuvres, statues de marbre,
toiles : « 2 roses on table »
( 2 roses jaunes comme jetées sur une table, quelques gouttes d’eau
très réalistes, en trompe-l’œil), abstraites (traînées liquides horizontales, verticales,
bleu, violet, noir.

4e séquence:

- Je n'ai pas de méthode de travail précise. Ca dépend du tableau.

Coupe

Par exemple, si je dois peindre un visage, je découpe le visage géométriquement, je dessine d'abord un quadrillage, je prends des repères : le nez par rapport aux yeux, par rapport aux oreilles... C'est la méthode la plus classique au monde ! Aprés, je fais des esquisses, sur brouillon, au crayon de papier, d'abord de l"ensemble du visage pour avoir une idée générale sans paufiner les détails. C'est pour situer les léléments les uns par rapport aux autres, pour pouvoir les loger à leur place.

- D'ailleurs,

 

j'ai un bloc justement.

 

J'ai fait le portrait d'une petite fille.

 

Vous avez de la chance, je ne l'ai pas encore rangé.

      

Voilà !
      
Là, c'est le quadrillage.

 

Là, les visages complets.

 

Là, c'est la phase suivante, des morceaux de visages, que j'étudie de plus prés, ce sont des éléments qui me donnent du mal, qui distinguent un visage d'un autre, je les dessine jusqu'à ce que je les maitrise parfaitement.

 

Quand je suis au point, que j'arrive à dessiner presque les yeux fermés, je passe à une surface plus grande. Des feuilles taille ordinaire.

Coupe

Je peins à l'encre de chine, ou rouge sang, un truc sommaire pour faire ressortir les contrastes des ombres du visage. J'essaie d'appréhender les reliefs du visage en jouant avec les tâches de peinture.

Aprés, ça dépend, si je suis en forme, je passe directement à la mise en couleur sur papier toujours, la toile c'est pour aprés, bien aprés.

Pour le portrait de cette petite fille, j'ai peint sur papier d'abord, puis je me suis dit que ça suffisait, je n'ai pas fait de toile.

coupe

Pour une toile, je sors le gros matériel.
J'ai un logiciel de dessin, alors parfois, je triche.

Je scanne les eaux fortes, je change les filtres de couleur, je teste la réaction du visage pour trouver la bonne nuance, celle qui va mettre en valeur les reliefs et l'expression générale du visage, de la personne. Voilà.

coupe
Quand j'ai fini de jouer, le véritable affrontement commence. Parce que c'est un véritable combat : moi contre la toile.

Là, le sujet commande : des traits larges, des grands coups de pinceaux ou le nez collé à la toile, des détails microscopiques.

Mais je le répète ça dépend : je peux aussi bien suivre ce processus ou carrément, je me jette à l'eau sans filet, directement sur la toile.

Plan large : lumière du jour
Vic assise sur canapé, fume, répond aux questions.
Décor : petite table avec tasses,
café, fond blanc.

 


      

 


      

 


      

 


      

 


      

 


      

                                  

Elle se lève, se déplace en parlant.

 


Elle cherche sous la table , sort un bloc

 

tourne les pages
Montre les pages au fur et à mesure
qu'elle parle.
Gros plan fixe sur la première page
Deuxième page
troisième page et suivantes : des nez,
oreilles, lèvres, yeux...

 


      
      

 

Plans fixes sur des eaux fortes
Montre du doigt les tâches sur les eaux
fortes



Plan large sur Vic assise dans fauteuil


Plan sur portrait : jeune enfant métisse,
6-7 ans

  

Retour sur Vic  Plan large

 

se lève, se déplace vers le fond de
la pièce, ouvre porte coulissante,
on aperçoit un bureau, PC.
Fait signe de se rapprocher.
différents plans d'un visage, couleurs :
gris, bleu, rose, vert.

Plan large
retour sur Vic, devant PC

                                                              

Gros plan sur visage de Vic, qui se
gratte le menton, se mordille la lèvre
fondu pour la séquence suivante

5e séquence : 

- Peut-on parler dans voter cas d'oeuvre à théme ?

- Comme un peintre qui se limiterait à un seul sujet ?

...

- Non. Je peints par ... période. J'ai eu une période "Nu", trés courte. Je suis trop pudique pour ça !

J'ai eu une période "fleurs", des roses surtout, dans le ciel, sur la table, éparpillées sur le sol..., une période "abstraite"... Mais ce n'est pas prédéterminé. Je ne me dis pas : "Ce mois-ci, je vais faire ça." Je me ballade, je regarde, je repère un truc, un détail qui m'attire, m'étonne, me fait marrer. Alors, je fais des croquis, je reviens dans mon atelier et je gribouille, je mets de la couleur, j'explore le sujet. Je change l'angle de vue, le point de fuite, tout ça. Une sorte de variations sur le même théme.

- Ca, c'est un travail préparatoire à la véritable peinture sur toile.

- Mmm.Oui, oui.

- Mais comment peignez-vous ? C'est-à-dire, quel est votre rendement ? Votre rythme ? Peignez-vous un peu chaque jour ? Ou vous entamez un marathon sur plusieurs jours ?

- Des jours entiers sans m'arrêter ! Je fonctionne par cycles. Pendant trois-quatre jours, je peins, je peins sans arrêt, sans manger, sans boire, ni dormir. Je finis par m'écrouler, je m'endors sans savoir combien de temps. Quand je me réveille, je m'empiffre en regardant ce que j'ai déjà peint. Je corrige, je tripote mes toiles. Je prends une douche et je recommence ! Jusqu'à ce que j'ai fini. Enfin, jusqu'à ce que je considère que j'ai fini, que j'ai fait le tour du sujet, quand j'ai exploré toutes les pistes, je sais quand je ne peux plus rien peindre sans prendre le risque de me répéter. Parfois j'arrête parce que je sens que je suis dans une impasse, que ça ne sert à rien de continuer.

- C'est une de vos plus grandes qualités : savoir vous arrêter. Mais c'est aussi une de vos plus grandes capacités : explorer une voie jusqu'au bout. Et plus rapidement qu'aucun artiste !

- Ouais. Je ne sais pas, je ne pense jamais à ça. Enfin, quand j'ai fini, je sors, je renais au monde réel, jusqu'à la fois suivante.

- Vous n'avez peint que peu de paysages...

- Non. Je suis une peintre d'atelier.

- Et pas du tout de nature morte, parce qu'on ne peut pas dire que vos roses en fassent partie.

- Ah non, quelle horreur ! Rien que le nom est affreux. Je peints du vivant ou de l'abstrait. Les roses sont en vie, ou plutôt en train de mourir puisqu'elles ont été cueillies.

- Dans votre peinture abstraite, on voit beaucoup de toiles qui représentent, qui figurent un liquide qui s'écoule, une fluidité de la matière...

- Oui, oui. L'état liquide de la matière est fascinante, insaisissable mais beaucoup plus réel que l'état gazeux. L'amollissement d'un solide, c'est trés graduel, petit à petit. Ces étapes sont un véritable défi à représenter, à quel moment le solide devient liquide ? Et les gloup gloup de l'eau qui coule....

Voilà .

-  Et quels sont vos projets ? Si vous en avez ...

- Je suis en train de peindre un portrait. Ce n'est pas le premier, j'ai peint ma famille mais là, c'est une personne extérieure à mon cercle familier. On va voir ce que ça donne...

- Bon courage et au revoir.

 

Interview : champ-contre-champ
Vic-journaliste

Vic fume.

signe affirmatif de la journaliste


Vic sourit
      

 


      

 


      

                                         


Vic tire une bouffée avant de répondre

 


      

                                         


Vic se passe la main dans les cheveux,
se gratte le menton.

                        





















                                                                                                                                      

Vic pose sa cigarette, fait une grimace
de dégoût.

                               
                                         

Vic reprend sa cigarette

             







                        

Vic s'agite, écrase sa cigarette







Vic se passe la main dans les cheveux


Générique de fin

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