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Portrait Vic
9 août 2010

Interview papier Vic peinture 2


- Bonjour, Vic.
- Bonjour.
- C'est étrange, d'habitude avec les peintres, les entrevues reviennen à intervalles très longs : quatre à cinq ans. Alors que nous nous sommes rencontrés l'an dernier déjà, pour votre exposition « Portraits ».
- Je ne vis pas à la même vitesse, j'ai beaucoup moins de temps devant moi que les autres. De plus, je ne suis plus aussi patiente, je ne cherche plus trop à approfondir certaines voies, je reste à la surface.
- Pour un peintre, cela semble logique.
- Ouais.
- Le fait d'avoir choisi de faire du cinéma annonce-t-il un renouvellement de votre mode d'expression artistique ?
- Non. Cela annonce une envie de me marrer avec des amis. Cela dit, je crois que la composition musicale correspondrait mieux à ce qu'implique votre question. Parce que je suppose que vous voulez savoir, en posant cette question, si j'ai décidé de changer de support artistique ?
- En fait, je voulais savoir si le cinéma était l'expression d'une évolution dans votre travail, à savoir que vous retournerez à la peinture avec une autre vision ou si ce film est un changement radical de votre vision artistique.

- Soyons clair, j'ai fait du cinéma par amitié et c'est tout. Je pense que si j'avais envisagé le cinéma en tant qu'artiste, j'aurais pris la place de metteur en scène mais franchement, ça n'aurait pas marché. Je travaille en solitaire et un film est une oeuvre collective, qui nécessite un travail d'équipe. Ingérable, inenvisageable pour moi.

- Vous vous êtes aussi essayée à la décoration d'intérieur.
- Oui, par amitié toujours. Une ami emménageait et elle voulait changer tout l'intérieur de sa nouvelle maison.
- J'ai vu des photographies dans la revue « Sweet Home ». L'assemblage des couleurs, les jeux de perspectives, la progression des marches qui suit la succession des plans, vous avez reproduit votre univers pictural dans cette maison.
- Ouais. J'aime bien cette pièce. J'ai l'impression, quand j'y entre, de pénétrer dans un de mes tableaux.
- Et pour en revenir à la musique, vous avez dit que c'était le signe d'un changement, vous pouvez préciser ?
- La musique,... Ce n'est pas un changement radical, je ne vais pas à partir de maintenant, me consacrer uniquement à la musique. C'est juste une tentative, un essai vers quelque chose de différent. Je continue à peindre. Remarquez que le cinéma et la peinture sont proches : ce sont des arts visuels. Et je crois comprendre comment vous est venue cette question. Aprés avoir tâté de l'immobilisme avec la peinture, il serait logique que je cherche du côté du mouvement avec le cinéma. - En effet, c'est le raisonnement que j'ai suivi.
- Le mouvement ne m'intéresse pas artistiquement. Pour moi, l'art c'est fixer un moment, un être pour l'éternité. Je ne conçois pas l'art comme une mécanique vivante. Et puis, je ne sais pas raconter des histoires. J'ai essayé la musique parce que cela touche un autre sens. Vous l'avez remarqué vous-même dans un de vos articles : je suis sensible, à l'écoute de mes sens. Donc avec la musique, je fais appel à l'ouïe. Je dis toujours que la peinture doit être comme un exercice physique, que je peints avec tout mon corps. Dans la musique, le corps a sa place mais plus dans l'appréciation de l'oeuvre, aprés sa conception, quand on goûte l'oeuvre plus que quand on la construit, ou qu'on la joue. Alors que pour la peinture, le corps ne sert à rien, une fois l'oeuvre finie. C'est là le principal changement en ce qui concerne mon travail.
- Pourquoi avoir choisi ce genre de musique, le rock dur, alors que vous êtes restée classique dans la conception de vos tableaux ?
- Parce que je suis jeune ! Non, tout simplement parce que le rock est tout ce que je suis capable de produire. Je ne me vois pas composer un opéra ou un concerto. Le format convient à mon niveau musical : c'est court et simple.
- Que signifie alors l'écriture des paroles en plus de la composition musicale ? Un autre essai vers un autre domaine, la littérature ?
- Ohlala, non, pas du tout. Mes chansons ne sont pas de la littérature, ni même de la poésie. J'ai essayé de traduire avec des mots ce que je ressentais en accord avec la musique. Mais je ne suis pas sûre d'y être arrivée, tout me semble creux, cliché dans mes chansons. Les mots m'ont toujours semblé un intermédiaire de trop entre l'oeuvre et moi, entre l'oeuvre et le public.
- En tout cas, vous expliquez très bien avec des mots, vos intentions artistiques.
- C'est parce que je suis dans un de mes bons jours. J'aurais pu vous renvoyer sur les roses, pour rester poli. Et puis, bon, j'ai un peu triché, je vous l'avoue. Je lis toujours les critiques de mes tableaux, je reprends ce qui me plait et je m'entraine à démolir ce qui me déplait. Ca me permet de prévoir mes réponses.
- Vous voulez dire que vous avez lu tout ce que j'ai écrit sur vous et votre oeuvre ?
- Pas seulement. Je comprends mieux votre point de vue comme ça. Et vos points faibles aussi.
- Vraiment ?
- Vous utilisez de grands mots avec de grandes théories mais heureusement pour vous, vous en connaissez le sens.
- Trop aimable.
- Ce sont vos qualités et je crois que vous n'allez pas aimer ce que je veux dire à propos de vos défauts. Heureusement, votre cassette est finie. Je n'aurais pas à vous déplaire.
- Oui, je pense que nous allons nous quitter là. Merci d'avoir répondu à mes questions.
- De rien.

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