Interview radio film Vic
Animateur
: - Bonjour, cher public. Aujourd'hui, notre invité s'appelle
Vic. Et j'avoue que je ne sais pas trop comment vous présentez,
vous avez fait tellement de choses .
Vic
: - Je suis peintre.
A :
- Rien d'autre, vous êtes sure ?
V:
- Je suis un être humain de sexe féminin.
A :
- Oui, bien sûr, mais vous avez joué dans le dernier
film de SS, vous avez sorti un album de musique, la bande originale
de ce film... Vous êtes modeste.
V :
- Je ne suis pas devenue actrice en tournant dans un seul film, je ne
suis pas devenue chanteuse pour autant non plus. D'ailleurs, je me
trouve plutôt nulle dans le film et moyenne sur le disque.
A :
- Ok. Tous les actrices et les acteurs dont vous avez peint le
portrait, le trouvent génial. C'est un peu louche, non ? Vous
croyez qu'ils sont sincères ?
V :
- Vous avez entendu une personne du show-business dire qu'elle
détestait un truc à la mode ?
A :
- Et si l'un d'entre eux n'aimait pas votre portrait ?
V :
- Il y en a. Ils ne l'ont pas dit à la presse, c'est tout. Et
ce n'est pas moi qui leur ai interdit. Ils ont parfaitement le droit
de trouver mon travail pourri. Je sais ce que chaque personne pense
de chaque tableau. Ca me suffit. Ce qu'ils racontent aux
journalistes, je m'en tape. Moi, de mon côté, je me mets
toujours à dire des conneries pendant les interviews, sauf
quand on parle de peinture et que j'ai en face de moi quelqu'un de
vraiment intéressé. Mes amis ne tiennent pas compte de
ce que je dis à la télé, à la presse
écrite...
A :
- Mais, alors, comment fait-on pour savoir la vérité ?
V :
- Quelle vérité ? Et puis qui c'est "on" ?
A :
- Le public.
V :
- Je ne peints pas pour le public. Et vous, les journalistes, les
animateurs, vous utilisez ce terme pour justifier tout et n'importe
quoi.
A :
- Vous êtes sévère. Donc, si je vous suis, vous
racontez des bétises aux gens qui vous interviewent. Vous le
faites à chaque fois ?
V :
- Ca dépend. Vous savez, au début, j'essayais d'être
sincère, de réfléchir à chaque question,
de bien répondre. Je me suis aperçue finalement que
personne ne me laissait le temps de réfléchir et la
plupart du temps, mes paroles étaient déformées.
Alors, à quoi bon ? Maintenant, je raconte ce qui me passe par
la tête et je ne perds plus de temps à vérifier
si tout a bien été retranscris. Je gagne beaucoup de
temps.
A :
- Allons, il y a bien un moment où vous êtes sincère
!
V :
- En ce moment. Et vous avez du mal à me croire.
A :
- Qu'est-ce que vous êtes belle quand vous souriez.
V :
- Quand je pense que je croyais que nous allions avoir une
conversation sérieuse.
A
:- Je comprends pourquoi tous les journalistes vous croient sur
paraole, vous leur souriez et hop, ils succombent à votre
charme.
V :
- Non.
A :
- Hum, bon, donc si je reprends votre raisonnement, quand vous dites
que vous et SS n'êtes pas lesbiennes, vous délirez ?
V :
- Touché. Mais j'ai dit que je racontais n'importe quoi, pas
que je mentais.
A :
- Ah bon, il y a une différence ?
V:
- Vous allez finir par me plaire.
A :
- Arrétez de sourire ! Vous trichez !
V:
- Ok, je vais parler sérieusement.
A :
- Merci de le préciser.
V :
- De rien.
A :
- Je vous aime.
V :
- Pas moi. Je peux y aller ?
A :
- Oui, tout ce que vous voulez.
V :
- Je ne couche pas avec SS pour une raison trés simple.
A :
- Laquelle ?
V :
- Il me manque un truc indispensable... un pénis.
A :
- Mais, si vous en aviez un, vous le feriez ?
V :
- Elle a un sacré sex-appeal, non ? Son pouvoir de séduction
est tellement puissant que j'évite de lui présenter les
mecs que je veux draguer.
A :
- Vous n'avez pas répondu.
V :
- Vous n'avez pas écouté.
A :
- Ne souriez pas, répondez !
V :
- Non.
A :
- Sans blague ?
Silence
A :
- Vous souriez encore.
V :
- Ca ne veut pas dire que je mens ! Ecoutez, SS est mon amie, ma
meilleure amie, ma grande amie, tout ce que vous voulez, mais pas ma
petite amie. Compris? Ca existe l'amitié entre femmes et ça
veut pas dire qu'on couche ensembles, ni qu'on reproduit les rapports
mère-fille.
A :
- D'accord, d'accord.
V :
- Ceci dit, si j'étais un homme, je tenterais bien ma
chance...
A :
- Même si cela compromettrait votre amitié ?
V :
- Si j'étais un homme, nos rapports seraient trés
différents.
A :
- En bref, vous l'aimez beaucoup.
V :
- Oui.
Silence
A :
- Ca, c'est une réponse brève ! Et c'est toujours comme
ça quand on est ami avec vous ?
V :
- Non.
Silence.
A :
- Vous ne voulez pas développer un peu ?
V :
- Ca ne vous regarde pas. Je veux bien répondre pour SS parce
qu'elle connait les risques du métier, la vie publique, tout
ça. Je tiens à protéger mes autres amis.
A :
- Bon, on va changer de sujet, alors.
V :
- Bonne idée.
A :
- Parlons musique.
V :
- Je ne suis pas une experte.
A :
- Comment se fait-il alors que vous avez écrit un album entier
?
V :
- Je ne l'ai pas écrit en entier, c'est tout.
A :
- OHOHO, vous ne souriez pas, c'est le moment grave de l'émission.
V :
- C'est lassant votre truc.
A :
- Désolé. Pouvez-vous m'expliquer pourquoi votre nom
figure sur la pochette du disque si vous n'avez rien fait ?
V :
- Je m'explique. J'ai bidouillé quelques arrangements et Spike
a bossé sur tout le reste. Et c'est lui qui a signé
toutes les partitions.
A :
- Et les textes ?
V :
- C'est moi qui les ai commis, je l'avoue.
A :
- Qui vous a demandé de faire la musique du film ? SS ?
V :
- Non, c'est Joe, le metteur en scéne. Il est fan des Spiders
depuis le début.
A :
- Les Spiders, c'est votre groupe.
V :
- Non, le groupe existait et existe sans moi. Le disque, c'est une
participation occasionnelle, je ne fais même pas partie de ce
groupe, ils sont trop bons pour moi!
A :
- Ok. Et le clip de "Voices of Angels", c'est vous qui
l'avez peint ?
V :
- Oui. Mais c'est pas la chanson-phare du film. C'est "You can't
call it love".
A :
- Je sais mais le clip de "You can't call it love" n'a
aucun intérêt. Alors que celui de "Voices of
Angels", c'est un dessin animé magnifique.
V :
- Merci.
A :
- Vous avez une sale habitude de plomber les interviews : ou vous ne
répondez pas aux questions, ou vous racontez n'importe quoi.
V :
- Moi ? Je n'oserai jamais faire une chose aussi affreuse !
A :
- Et là, en plus, vous vous foutez de moi.
V :
- Bravo, quelle perspicacité.
A :
- Vous pouvez sourire, je ne suis pas prêt de vous pardonner.
V :
- Désolée. Je ne voulais pas vous vexer, vous m'êtes
un peu plus sympathique que les autres. Il y a tellement de questions
qui ne méritent pas de réponses.
A :
- Lesquelles par exemple ?
V :
- Une fois, dans un talk-show, il y a un connard qui m'a demandé
ce que je préférais chez les hommes noirs, sous
prétexte qu'il avait remarqué que j'avais peint
beaucoup d'hommes noirs.
A :
- Qu'est-ce que vous avez dit ?
V :
- D'abord, rien, sa connerie m'avait rendue muette. Puis je lui ai
lancé que chacun trouvait son plaisir où il pouvait, certains
avec des hommes noirs, d'autres avec des Dobermans, c'était la
race de ses chiens. De toutes façons, tout le monde sait bien
que je ne baise que des hommes bien montés donc forcément
noirs. Ca n'était pas un scoop.
A :
- Vous êtes dure. J'espère que vous plaisantez quand
vous parlez de vos goûts sexuels.
V :
- Bien sûr, je ne suis pas raciste, je baise aussi avec des
blancs.
A :
- C'est dangereux ce que vous faites, on pourrait croire que vous
êtes sérieuse.
V :
- Alors, ça veut dire qu'en plus de bosser à la radio,
vous êtes un peu con.
A :
- Hé, ça va, c'est bon, j'ai compris. Est-ce que je
vous plais sinon?
V :
- Non. Vous n'êtes pas du tout mon type.
A :
- Et moi qui voulais vous inviter aprés l'émission !
V :
- Ne me reprochez pas d'être sincère aprés tout
ce que vous avez dit.
A
:- Vous avez raison, je vais me contenter d'un dernier sourire.
Silence
A :
- Merci. Au revoir, Vic.
V :
- Au revoir.