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C'est un de mes premiers portraits. J'ai vu cette femme au théâtre, lors d'une pièce underground à New York, dans ces salles où il y a juste un ou
deux spectateurs de plus que les acteurs. Enfin, bref, elle m'a intriguée.
J'ai toujours ressenti une attirance particulière pour les rousses, à cause de ma
mère sans doute, qui est rousse elle
aussi. Et là, j'étais face à l'incarnation de LA rousse : cheveux
roux-orange, yeux verts, taches de rousseur. Mais tout cela s'alliait à une sensualité, une présence charnelle troublante,
vraiment ! Si cette femme avait vécu quelques siècles plutôt, elle aurait fini
sans erreur possible sur un bûcher pour sorcellerie !
J'ai essayé de représenter ce trouble sur la toile. Le
sujet, dans une première version, est doublement peint : elle est appuyée
sur un miroir. Deux portraits : à gauche, les yeux fermés, la bouche ouverte
légèrement; à droite le regard droit, fixé dans celui du
spectateur, la bouche dure un trait. J'ai effacé le reflet et
modifié la bouche de l’original :
le sujet vous regarde et vous refuse ce que la bouche vous promet.
J'ai bien peur d'avoir cédé à un des canons de la représentation féminine de l'allumeuse, mais ce portrait me plaît, surtout maintenant, sachant le rôle qu'elle joue dans cette série-culte.